Du 1er Juillet au 29 septembre 2024 se tiennent à Arles, comme chaque année depuis 1970, les Rencontres de la photographie qui réunissent des artistes du monde entier. Si cette édition 2024 met à l’honneur le Japon et présente donc plusieurs expositions d’artistes de ce pays, le visiteur intéressé par la création latino-américaine pourra tout de même y trouver son compte, comme en témoignent notamment les trois expositions que nous mettons en lumière ci-après.
Cristina de Middel, dont l’une des photos a été choisie pour illustrer l’affiche des Rencontres de la photographie 2024, est une artiste espagnole qui vit et travaille au Brésil qui est présente à l’Église des frères prêcheurs avec une exposition intitulée Voyage au centre, inspirée du roman de Jules Verne Voyage au centre de la Terre. Elle présente ainsi cette série photographique : « [La série] présente la traversée migratoire du Mexique comme une expédition héroïque et courageuse, plutôt que comme une fuite. Dans cette version, le périple commence à Tapachula, à la frontière sud du Mexique avec le Guatemala, et se termine à Felicity, une petite ville de Californie officiellement désignée comme « Centre du monde« . »
L’exposition du Grupo de Cali, vampirisme et Tropical Goth intitulée « Les vampires n’ont pas peur des miroirs », se tient à l’Eglise des Trinitaires. Elle offre un voyage dans la création artistique colombienne de la fin du XXème siècle et du début du XXIeme siècle. Les commissaires de l’exposition, l’équatorien Andrés Matute Echeverri et la colombienne María Wills Londoño la présentent avec les mots suivants :
« L’exposition est consacrée à la culture visuelle autour d’El Grupo de Cali [Le Groupe de Cali], actif dans les années 1970 et 1980 en Colombie, aujourd’hui révéré comme un gang éminemment créatif proposant une vision alternative des tissus sociaux et urbains dans des contextes de marginalité. Composé à l’origine de l’écrivain Andrés Caicedo et des cinéastes Luis Ospina et Carlos Mayolo, le groupe a engendré une véritable contre-culture par son approche cinématographique, notamment avec le documentaire critique Agarrando Pueblo […] Cette exposition établit un lien entre ce mouvement et de jeunes artistes colombiens dont le travail des premières décennies du XXIe siècle porte cette force de l’avant-garde de la fin du XXe siècle. »
Enfin, plus de 40 artistes sont réunis dans l’exposition de la Collection Astrid Ullens de Schooten Whettnall « Quand les images apprennent à parler », présentée à La Mécanique générale. Aux côtés de grands noms de la photographie mondiale, comme Diane Arbus ou encore Harry Callahan, on retrouve des artistes latino-américains comme les Mexicains Manuel Álvarez Bravo, Pablo López Luz, Graciela Iturbide et Yolanda Andrade, le Péruvien Juan Enrique Bedoya, le Colombien David Consuegra ou encore l’Argentin Facundo de Zurivia. Le fil rouge de cette exposition est une réflexion autour de la photographie documentaire conceptualisée, ce qui laisse entrevoir un questionnement sur le rôle de la photographie dans la transmission du réel.
Festival Les Suds
La 26e édition du Festival Les Suds aura lieu du 8 au 14 juillet 2024 et investira divers lieux de la ville d’Arles avec une programmation riche et variée. Nous mettons l’accent sur quelques propositions de cette semaine bien chargée en festivités. Le 11 juillet, place Voltaire, le groupe Rita Rita réunissant l’artiste brésilienne Rita Macedo et le groupe occitan du bal du Parti collectif feront danser les Arlésiens. Au théâtre antique le 12 juillet l’auteur compositeur brésilien Arnaldo Antunes sera en concert accompagné du pianiste Vito Aráujo, et offrira aux spectateurs un voyage poétique et mélodieux. Le 13 juillet se produira le trio colombien La Muchacha y el Propio Junte, qui a recours aux rythmes traditionnels latinos et les mêle à des sources d’inspiration musicales variées pour chanter luttes et résistances politico-sociales.
Et si la programmation du Festival les Suds met à l’honneur chanteurs, groupes et musiciens, elle s’accompagne également d’une programmation cinématographique en lien avec les concerts proposés. Parmi la sélection de films, on retrouve notamment aux cinémas Le Méjean le film documentaire brésilien Saravah réalisé en 1969 par Pierre Barouh, qui porte sur la musique brésilienne et ses accents.
Voilà une petite sélection qui permettra à l’estivant provençal de déambuler dans la ville d’Arles entre mélodies et photographies, et pourquoi pas de poursuivre l’itinéraire par un passage au voisin Festival d’Avignon, dont la langue officielle retenue cette année est l’espagnol et qui voit programmés nombre de spectacles de théâtre, de danse et de musique latino-américains pour petits et grands !
Laëtitia BOUSSARD