Les attentes du gouvernement argentin concernant la visite du secrétaire d’État Antony Blinken

Le secrétaire d’État des États-Unis Antony Blinken, arrive ce vendredi à Buenos Aires à l’issue des réunions du G20 au Brésil. La visite d’Antony Blinken génère des attentes, principalement économiques, dans un pays qui tente de contrôler une crise aiguë.

Photo : Casa Rosada

Le secrétaire d’État des États-Unis, Antony Blinken, voyage ce vendredi en Argentine suite à sa participation au sommet du G20 au Brésil. Sa visite a généré de fortes attentes, au sein des tentatives du gouvernement de Javier Milei pour contrôler la crise économique qui frappe le pays méridional. De manière officielle, l’ambassade étasunienne de Buenos Aires a rapporté que Blinken arrivera dans la capitale argentine le vendredi matin pour se réunir avec Milei et « dialoguer sur les sujets bilatéraux et mondiaux, en incluant la croissance économique durable, l’amélioration du commerce et l’investissement en faveur des deux pays ». 

De plus, comme l’ont confirmé à la Voz de América (VOA) divers fonctionnaires argentins qui préparent actuellement cette visite de haute importance, le chef de la diplomatie nord-américaine animera une conférence de presse avec Diana Mondino, ministre des Affaires Étrangères de l’Argentine à la Casa Rosada et réalisera une visite brève du centre ville de Buenos Aires. « La visite de Blinken renforce la relation bilatérale et génère des meilleures conditions pour restaurer le lien Mercosur-États-Unis », a affirmé lors d’un dialogue avec la VOA Diego Guelar, ex-ambassadeur argentin à Washington, en Chine, au Brésil et dans l’Union Européenne. Sa perception est la même qui se répète au Palais du gouvernement et au Ministère argentin des Affaires Étrangères. De son coté, Joaquín Harguindey, spécialiste des États-Unis et directeur de l’Observatoire Politique John Fitzgerald Kennedy, analysa que « la visite est beaucoup plus importante pour l’Argentine si on prend en compte l’alignement du gouvernement de Javier Milei avec la Maison Blanche au détriment d’autres partenaires, la nécessité de coopération étatsunienne concernant les négociations du pays avec le FMI (Fond monétaire international) et la recherche d’investissements étrangers ».

Dans le communiqué publié le 16 février, dans lequel le voyage de Blinken au Brésil pour rencontrer le président Luiz Inácio Lula da Silva et sa visite à venir en Argentine sont confirmés, le Département d’État n’a pas spécifié les rencontres que le fonctionnaire maintiendra avec le pays, mais il a fait cependant mention du « compromis se trouvant à la croisée des droits humains, de la gouvernabilité démocratique, des minéraux critiques et de l’amélioration du commerce ». En ce sens, l’ex-ambassadeur Diego Guelar a considéré que « le thème central de l’agenda bilatéral est la normalisation du lien avec le Fond Monétaire International et les créanciers externes, dans le cadre de l’ajustement et de l’ouverture de la nouvelle administration argentine ». Quelques semaines plus tôt, Brian Nichols, secrétaire adjoint du Département d’État Affaires de l’hémisphère occidental, s’est rendu en Argentine pour dialoguer avec différents médias -dont la VOA– et il a assuré que « la relation entre les deux pays était la clé et que Buenos Aires représentait un allié stratégique pour les États-Unis ».

Lors de cette même rencontre, Nichols n’a pas seulement souligné l’importance d’accroître la coopération dans divers champs, mais également, le côté économique, il a soutenu le processus de réforme de l’État dont Milei fait la promotion depuis son arrivée à la présidence le 10 décembre dernier. « Le processus de réforme est la clé, l’Argentine ne peut pas continuer une décennie de plus sans croissance », a annoncé le fonctionnaire du ministère américain des Affaires Étrangères. Comme ont pu le confirmer à la VOA divers fonctionnaires argentins qui ont préféré ne pas être cités, le président Milei espère que Blinken prendra une position très similaire à celle de Nichols durant sa courte visite dans le pays. Il y a des attentes concernant de possibles annonces économiques et le soutien des États-Unis dans la négociation de l’Argentine avec le FMI pour le prêt de quasi 57 000 millions de dollars dont le pays a bénéficiés en 2018.

Précisément, cette même semaine est également arrivée à Buenos Aires la première sous directrice gérante du FMI, Gita Gopinath, qui s’est réunie avec le ministre de l’Économie, Luis Caputo, et le président Milei. La numéro deux du FMI est arrivée dans le pays dans le cadre d’une supervision du plan économique argentin, qui jusqu’à présent a été soutenu par le FMI publiquement. Les analystes consultés par la VOA comprennent que la visite de Blinken représente un appui évident envers Milei, qui lors d’occasions multiples a assuré que « Les États-Unis seront le principal partenaire de l’Argentine ».

« Depuis la perspective étasunienne, nous avons compris que le compromis idéologique du gouvernement argentin actuel avec une aliénation favorable envers les États-Unis est authentique, qu’il y a des intérêts qui coïncident et des champs de coopération possibles », soulève le spécialiste Joaquín Harguindey. Comme l’a affirmé Brian Nichols il y a quelques semaines, dans les mois à venir, le voyage d’autres fonctionnaires de champs divers  – des militaires et des professionnels de sécurité – est en train d’être planifié au même moment où l’on travaille à rendre concrète une visite de Javier Milei à Washington pour se réunir avec Joe Biden à la Maison Blanche. « Il y a l’intention, mais l’agenda présidentiel de l’année est chargé », reconnais Nichols.