Une célébration remarquable de la Journée Internationale des Droits de l’Homme à la mairie de Lyon

Le samedi 9 décembre dernier, un événement significatif s’est déroulé à la mairie de Lyon pour commémorer la Journée internationale des droits humains. Au cœur de cette rencontre se trouvait la célébration du 75e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH). L’initiative a été orchestrée avec brio par Sonia Zdorovtzoff, adjointe au Maire de Lyon, déléguée aux Relations, à la coopération et à la solidarité internationale.

Photo : Mairie de Lyon

Pour cette troisième édition de l’événement, les organisateurs ont soigneusement choisi d’inviter des acteurs significatifs de la ville de Lyon, ajoutant ainsi une dimension exceptionnelle à cette journée dédiée aux droits humains.  Les récits poignants se sont entremêlés avec une profonde émotion lors des témoignages livrés par divers intervenants, parmi lesquels figuraient des experts renommés, des réfugiés politiques et des militants engagés, chacun apportant une perspective unique sur la question des droits humains. Parmi les convives se trouvaient Stéphane Corcuff, éminent sinologue et Maître de conférences à Sciences Po Lyon, spécialiste de la Chine et de Taïwan ; Januario Espinosa, réfugié politique chilien, et bien entendu le fondateur et directeur de notre revue Les Nouveaux Espaces Latinos ; Fatema Salehi, militante des droits humains et ancienne journaliste, réfugiée afghane en France depuis 2021 ; David Dufresne, écrivain et réalisateur de documentaires renommé, notamment pour Un pays qui se tient sage (2020) ; Désanges Angélique Mayenga, ardente défenseuse des droits des peuples autochtones et du droit de l’environnement (République démocratique du Congo) ; enfin, Salai Yaw Aung, opposant politique originaire du Myanmar et réfugié en France depuis mai 2023. Un panorama éclectique réunissant des personnalités aux parcours variés, contribuant ainsi à enrichir la diversité des perspectives abordées lors de cette journée dédiée aux droits humains.

Chacun leur tour, ils ont mis en exergue les contours flous et insuffisamment définis de la notion d’État de droit, mettant en garde contre les dangers d’une concentration excessive du pouvoir d’où émaneraient de manière exclusive toutes les sources de loi et de justice. Stéphane Corcuff a illustré ce propos en examinant le cas de la Chine, où la notion d’État de droit semble totalement absente du discours officiel. Cela fait écho aux observations de Salai Yaw Aung qui a rappelé l’inexistence absolue du concept d’État de droit au Myanmar et les dérives qui en découlent. Faisant référence à l’accaparement du pouvoir par les militaires, il a déployé toute la notion de peur, d’insécurité, une thématique qui a constitué un des grands leitmotivs de la rencontre. 

De son côté, le réalisateur du film documentaire Un pays qui se tient sage (2020), David Dufresne a évoqué une réalité de violence policière qui n’échappe pas à la France. Il a également fait le choix de ponctuer son discours par des bandes sonores mettant à l’œuvre des interventions policières pour appuyer son propos. Il a dénoncé la prégnance d’un modèle de “monopole de violence légitime” (Max Weber) basé sur la peur et la brutalisation. Le rôle essentiel du journalisme a été célébré, en particulier à travers le récit poignant de Fatema Salehi. Elle a évoqué de multiples incidents impliquant des menaces, des représailles, des violences sexuelles, des tortures, des détentions, voire des exécutions, tous liés à une négation flagrante du droit civique. Selon elle, le journalisme introduit une certaine transparence dans une réalité souvent opaque et saturée, mettant en lumière l’espoir intrinsèque porté par cette profession. La militante Désanges Angélique Mayenga, a également introduit la dimension d’espoir associé aux réseaux d’informations et le ruissellement de contre-pouvoirs. Elle qui a vécu personnellement des actes d’intimidations et échappé de peu à une tentative d’enlèvement oriente désormais son combat vers une lutte contre la marginalisation et la réduction au silence des personnes opprimées.

En somme, ces témoignages constituent une belle occasion pour notre revue de rappeler sa devise la plus sincère, sa vocation première incarnée par son fondateur, celle de sensibiliser les publics francophones aux réalités et aux cultures du continent latino-américain dans toute leur diversité “pour la liberté, les droits de l’homme, la démocratie, la justice sociale et contre toute dictature”. Tel est l’engagement profond sur lequel Januario Espinosa a insisté dans un discours teinté d’espoir et d’horizons.