« Sur l’os » un premier roman en français de l’écrivain chilien Ricardo Elías 

Édité par les éditions l’Arbre vengeur, le livre de Ricardo Elías, est sorti en vente en octobre dernier et depuis le « bouche à oreille » ne s’arrête pas des éloges… Une bonne idée pour les cadeaux de fin d’année…

Photo : Fnac

Né en 1983 à Santiago du Chili, Ricardo Elias est notamment l’auteur de Cielo fosco. Ses textes ont été publiés dans des magazines hispano-américains. Il a reçu à deux reprises la bourse de création littéraire du Fonds national du livre et de la lecture et son roman A la cárcel remporte le prix du « Concurso Internacional de Novela Contacto Latino ». Adepte de la satire qui masque une critique plus sévère de son pays, l’auteur déclare : « Je voulais écrire une histoire qui se déroule dans une prison, mais je n’avais pas envie d’écrire un autre roman sur les prisons. On a beaucoup écrit sur la prison et le point de vue de toutes les histoires est presque toujours le même, car il y a un point de vue plus ou moins commun et un excès de traits caractéristiques, autrement dit une caricature. Mon idée était de travailler avec cela, en utilisant le sarcasme et la parodie, et de construire une prison qui, en fin de compte, est la somme de toutes les prisons mais qui, à son tour, n’en est aucune ». Il vit actuellement dans la ville de Santiago.

Plongé dans l’exiguë cellule carcérale de prisonniers qui luttent contre l’ennui abyssal, le lecteur se prend bientôt d’affection pour la joyeuse bande formée par les détenus, nouveaux archéologues de l’Alcatraz chilienne, qui ne tardent pas à découvrir une véritable trouvaille paléontologique. Un début intriguant mais fluide, qui nous emmène au cœur du quotidien d’une prison, agrémenté d’une ironie plutôt cinglante, qui ne masque pourtant pas la violence et la brutalité du lieu. Comédie donc, tout aussi touchante et attendrissante qu’absurde et terriblement réaliste, ce petit opéra de malfrats naïfs à la réflexion un peu gauche mêle l’ennui quotidien de la prison, l’ineptie des activités manuelles d’un directeur à la masse, le désespoir des détenus et la perfidie du maton Lillo à un récit bien mené, rapide à lire, drôle dans ce qu’il a de plus touchant et original dans son revirement de situation.

Une intrigue épurée où les personnalités excentriques côtoient les grosses brutes et où les Lenny et Georges hispaniques, Lalo, solitaire personnage austère et Boticheli, sorte d’andouille bienveillante, entreprennent l’opération d’évasion, par-delà le mur effrayant baptisé Guillermo. Perdus dans ce qui ressemble à « une autre dimension » remplie de livres, c’est dans leurs pages que se trouvent les clés de la liberté et de l’espoir : l’os fossilisé devient la curiosité de la bande de bras cassés.