À la veille de la présidentielle argentine, l’inflation pèse toujours plus fort

Le deuxième tour des élections présidentielles argentines de ce dimanche 19 novembre est marqué aussi par l’inflation qui ne lâche pas les Argentins. À la veille d’une élection présidentielle particulièrement indécise, la hausse des prix a atteint en octobre près de 143 % sur un an, un indice parmi les plus élevés au monde qui pèse sur le quotidien, comme il devrait peser sur le vote.

Photo : Cuesta

Sur un mois, la hausse des prix a connu en octobre une décélération, toute relative, à 8,3 %, contre 12,7 % en septembre, selon les indices publiés lundi par l’Institut national de la statistique (Indec). Mais sur un an, l’inflation a continué de s’élever, à 142,7 % contre 138,3 % en septembre, poussant encore un peu plus un record de 32 ans, établi les mois précédents dans la troisième économie d’Amérique latine. Les chiffres disent le casse-tête au quotidien des Argentins qui voient les étiquettes valser, parfois de manière imprévisible ou distincte d’un magasin à l’autre, tant les détaillants tentent d’anticiper la hausse des prix à venir. Sans surprise, l’inflation, chronique – à deux chiffres depuis une douzaine d’années – et aux multiples causes, internes comme externes, a dominé la campagne présidentielle pour la succession du président Alberto Fernández (centre gauche), qui ne se représente pas.

Sergio Massa, ministre de l’Économie depuis seize mois, n’a pu enrayer le dérapage progressif vers un indice à trois chiffres (l’année 2022 s’était achevée sur un taux de 94,8 %). Ni la dépréciation constante du peso, à un taux officiel (365 pour un dollar) que les marchés comme les analystes considèrent surévalué. Pendant sa campagne, il a pris ses distances avec la gestion du pays depuis 2019, soit avant son arrivée au gouvernement, et tenté de convaincre d’une prochaine inversion de tendance. Et bien qu’issu d’un exécutif à l’impopularité record (81 % de désapprobation), il s’est hissé en tête du premier tour, avec 36,68 % des voix.

Javier Milei, un économiste ultralibéral et « antisystème », qui a promis des coupes « à la tronçonneuse » dans la dépense publique, privatisations et dollarisation de l’économie, est arrivé deuxième avec 29,98 %, une réelle performance pour un nouveau venu en politique, depuis deux ans à peine. Il a reçu au second tour le soutien de la droite « classique ».