Francisco Huenchumilla, sénateur chilien propose de voter contre la nouvelle constitution

Francisco Huenchumilla Jaramillo est né à Temuco le 22 mars 1944. Avocat, universitaire et homme politique du Parti démocrate-chrétien. Sénateur de la région de l’Araucanie, période 2018-2026. Vice-président du Sénat du 15 mars 2023 à ce jour. Député pendant trois périodes consécutives, entre 1990 et 2002, représentant la région de l’Araucanie. Ministre secrétaire général de la présidence entre 2003 et 2004 et sous-secrétaire à la Marine entre 2002 et 2003, sous le gouvernement du président Ricardo Lagos Escobar. Le 15 mars 2023, il assume la vice-présidence du Sénat.

Photo : Sénat Chili

Ce projet (des Républicains et de la droite) maintient la situation qui est le paradigme de la Constitution de Pinochet et, par conséquent, ne résout pas la division des Chiliens qui existe depuis plus de 40 ans. Le Conseil constitutionnel a accompli la tâche confiée par la loi 21.533 du 17 janvier de cette année. Conformément à ce même règlement, les citoyens doivent s’exprimer lors du plébiscite, qui aura lieu le 17 décembre. Dans ces conditions, et en état de réflexion sur le comportement politique des secteurs qui composent ledit Conseil, et sur le texte finalement approuvé dans ce cas, il faut prendre une décision sur la manière de voter pour son approbation ou son rejet.

Ce deuxième processus constitutionnel n’a pas réussi à surmonter les décombres qui ont enterré le premier des processus – sauf, probablement, l’utilisation des règles de politesse et de bonnes manières apprises dans le Manuel Carreño, typiques de notre classe supérieure, et des Siúticos, qui abondent dans cet environnement – en termes de croyance dans l’histoire selon laquelle le sens de son mandat était d’exprimer sa propre vision et ses idées sur la manière d’organiser l’État et de répartir le pouvoir. Mais ils ont oublié que, par essence, une Constitution a pour objectif – si elle veut obtenir la gouvernabilité et la stabilité – d’établir des règles du jeu pour une société qui fassent sens pour tous ses membres, où une majorité de circonstance n’écrase pas les minorités et où ils estiment que ces règles permettent à chacun de participer sur un pied d’égalité à la vie démocratique du pays.

Au contraire, les Républicains, le nouveau parti d’extrême droite émergent que le pendule de l’histoire circonstancielle est venu élever comme dominateur du Conseil, ont imposé leur thèse du maintien substantiel de la Constitution de Pinochet, en l’habillant d’une certaine rhétorique peu propice, et le correspondant odeur ultramontaine d’un catholicisme conservateur. Au passage, il a consolidé son objectif stratégique de devenir la nouvelle droite du pays, laissant la droite traditionnelle de Chile Vamos dans l’impasse de la soumission.

Cela a également entraîné les Démocrates et les Jaunes, ne leur laissant d’autre alternative que de faire partie de la droite, et détruisant leur thèse selon laquelle leur départ de la Démocratie chrétienne était un prétendu manque de fraternité, dans des circonstances qui étaient – et sont, clairement – une conséquence idéologique. De cette manière, le Parti républicain, avec ce projet de nouvelle Constitution – dont il aspire d’ailleurs à remporter le plébiscite – se prépare à l’assaut final de la conquête du gouvernement de l’État, à travers les processus électoraux de 2024 et 2025, sous son mandat. Leadership hégémonique et reléguant le Chili Vamos à un rôle secondaire de compagnon, et les Démocrates et les Jaunes à de simples troupes.

Cela a conduit au Chili à un capitalisme extrémiste et néolibéral, contrairement à ce qui se passe en Europe et dans d’autres parties du monde, où l’éducation, la santé, le logement, l’environnement, les retraites et la sécurité sociale sont des biens sociaux qui ne s’échangent pas sur le marché. Il s’agit de l’État de droit social et démocratique.

Mais les Républicains et la droite pensent que tout est déterminé par le marché. C’est pourquoi, au cours des 40 dernières années, ils ont transformé la santé, l’éducation et les retraites en un business, en favorisant les grands groupes économiques qui défendent avec acharnement les affaires de l’isapres, des AFP et des écoles privées des grandes villes à travers le pays. Et voilà que le texte de ce projet établit un état de droit social et démocratique (donc avec des lettres minuscules) alambiqué, contradictoire, inefficace et inefficace.

Ce sont précisément les groupes économiques qui financent les campagnes politiques de ceux qui défendent leurs intérêts. Alors que nous, du centre-gauche, disons que le marché joue un rôle dans l’économie et dans la fixation des prix, mais qu’il existe certains biens, comme la santé, l’éducation et les retraites, qui sont des droits sociaux qui ne peuvent pas être traités. Profit et devrait être hors du marché. On ne peut pas faire des affaires en répondant aux besoins fondamentaux des gens.

Ce projet (des Républicains et de la droite) maintient la situation qui est le paradigme de la Constitution de Pinochet et, par conséquent, ne résout pas la division des Chiliens qui nous accompagne depuis plus de 40 ans, avec la santé, l’éducation et la sécurité sociale pour les riches et riches, et d’autres pour les secteurs moyens et pauvres, avec toutes les lacunes et inégalités que le pays connaît.

Des exemples de cette idéologie qui inspire les Républicains et compagnie sont certains traits conservateurs présents dans le texte, comme l’établissement selon lequel les plus riches et les plus fortunés du pays ne paient pas d’impôts fonciers – car aujourd’hui 77 % des propriétaires au Chili ne paient pas de cotisations. –, le recul des droits des femmes, ou encore l’objection de conscience des institutions.

Concernant la zone que je représente en tant que sénateur, l’invisibilité persiste, une fois de plus, de la relation entre les peuples autochtones et l’État. Il ne reste plus qu’une mention papier, totalement dépourvue de contenu réel. Pour cette raison, je crois que les constitutionnalistes de DC résument bien les caractéristiques de ce projet, élaboré sur mesure par une extrême droite représentée au sein du Parti républicain, et accompagné par la droite traditionnelle, aux côtés d’autres petits groupes : il s’agit d’un projet Constitution partisane, programmatique, contradictoire, populiste et inefficace.