L’ONU exige la levée du blocus de Cuba, « une politique condamnée de façon universelle depuis trois décennies »

Dans un contexte international marqué par des crises multidimensionnelles, 185 États Membres ont voté, ce matin, en faveur de la résolution annuelle de l’Assemblée générale portant sur la « nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis ».  Les États-Unis et Israël s’y sont opposés tandis que le Brésil et l’Ukraine ont préféré s’abstenir.  En présentant ce texte, le ministre cubain des Affaires étrangères, M. Bruno Rodríguez Parrilla, a souligné que « cette politique est condamnée de façon universelle depuis trois décennies », comme l’illustre du reste les résultats des votes depuis la première présentation de cette résolution en 1992. 

Photo : ONU – Cuba

Dans le préambule du texte adopté ce matin, l’Assemblée générale se dit préoccupée par le fait que des États Membres continuent d’adopter et d’appliquer des lois et règlements, tels que la loi dite « Helms-Burton », adoptée le 12 mars 1996, dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à la souveraineté d’autres États et aux intérêts légitimes d’entités ou de personnes relevant de leur juridiction ainsi qu’à la liberté du commerce et de la navigation. Préoccupée par le fait que le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba est toujours en vigueur, ainsi que par ses conséquences préjudiciables à la population cubaine et aux Cubains résidant dans d’autres pays, l’Assemblée exhorte de nouveau tous les États à s’abstenir d’adopter ou d’appliquer des lois et mesures du type visé dans le préambule de la résolution, comme leur en font obligation la Charte des Nations-Unies et le droit international. De même, l’Assemblée demande de nouveau instamment aux États qui continuent d’appliquer des lois ou mesures de ce type de faire le nécessaire pour les abroger ou les annuler dès que possible, dans le respect de leur législation.

Dénonçant un blocus qui s’apparente à un « ouragan permanent » et pourrait être qualifié de « génocide », M. RodríguezParrilla a indiqué que 80 % de la population cubaine était née sous son joug et que le blocus avait coûté 1 391 milliards de dollars au pays depuis son imposition. « À quoi ressemblerait Cuba si elle avait pu bénéficier de ces ressources ? » s’est interrogé le ministre qui a par ailleurs déploré que son pays n’ait pas été inclus dans les mesures d’exemption humanitaire récemment décidées par les États-Unis. Il a également regretté les répercussions du blocus en temps de pandémie de COVID-19, précisant qu’elles avaient notamment empêché Cuba d’acheter des respirateurs. « Les États-Unis et le monde seraient meilleurs sans le blocus », a déclaré le ministre qui a assuré que le gouvernement cubain était prêt à avancer en vue de rétablir des relations apaisées avec les États-Unis, insistant toutefois sur le fait que Cuba n’accepterait jamais de renoncer à son système socialiste.  

Cet embargo injuste enfonce un pieu au cœur du droit international et tourne en dérision les principes de souveraineté et de non-intervention qui régissent les relations interétatiques, a déploré à son tour Saint-Kitts-et-Nevis, qui a rappelé que pendant la pandémie de COVID-19, Cuba s’est révélé être un « citoyen du monde exemplaire » en offrant des vaccins aux nations incapables d’acheter des doses plus chères. Face à tant de magnanimité, d’altruisme et de compassion, comment Cuba peut-elle légitimement continuer à être désignée par les États-Unis comme un État commanditaire du terrorisme, s’est indignée la représentante. Lui emboîtant le pas, le Nicaragua a condamné le blocus « criminel » qui s’apparente même à un « crime contre l’humanité » en temps de pandémie. Il a lui aussi salué le courage du peuple de Cuba face à l’adversité, toujours animé par « l’esprit de Fidel ».  

Comme d’autres délégations, l’Afrique du Sud a évoqué le titre III de la loi Helms-Burton qui stipule que les entreprises ou entités qui commercent avec Cuba peuvent être poursuivies devant les tribunaux américains, notant qu’une telle disposition entrave les relations économiques, commerciales et financières de Cuba avec des pays tiers. Pour sa part, la Jamaïque s’est inquiétée des répercussions de l’inscription de Cuba sur la liste des États soutenant le terrorisme, établie par les États-Unis, sur la manière dont les États tiers s’engagent avec Cuba, notamment en matière de coopération internationale sur la criminalité transnationale organisée.  

Expliquant leur vote en défaveur de la résolution, les États-Unis ont affirmé se tenir aux côtés du peuple cubain, rappelant qu’en juillet 2021, des dizaines de milliers de Cubains ont subi une répression très dure après être descendus dans la rue pour demander leur liberté. Soulignant en outre que l’embargo comprenait des exemptions, la délégation a rappelé que les États-Unis sont les premiers partenaires commerciaux de Cuba, avec des exportations de bien s’élevant à 295 millions en 2021.

Service de presse
Nations-Unies – New York