« Et nous voici déchirés » : conférence avec Isabel De Obaldia, le jeudi 27 novembre à la Maison de l’Amérique latine de Paris

Isabel De Obaldia est sculpteure et peintre franco-panaméenne, formée aux États-Unis et en France. Son installation, faite de grandes peintures sur papiers et de corps de verre colorés, de son et de vidéo, témoigne de la catastrophe humaine et écologique de la région du Darién, qui sépare le Panamá de la Colombie. Observatrice attentive des violences propres à notre temps, la plasticienne rend compte du désastre occasionné par un flux migratoire, transit du désespoir qui fut un temps massif et dont l’assèchement brutal actuel a, à son tour, des conséquences violentes.

« De ce côté de l’Atlantique, le Darién est une région mal connue. L’Europe a sa Méditerranée, traversée par des migrants qui risquent leur vie à tenter de la franchir ; l’Amérique a cette mer végétale, un « bouchon » qui sépare l’isthme de Panama de la Colombie, et plus généralement de l’Amérique du Sud. Dans cette région humide et montagneuse où le risque d’être détroussé s’ajoute à ceux de la nature, entre 2021 et 2023, un demi-million de migrants ont souffert et beaucoup sont morts avant d’atteindre le petit village de Bajo Chiquito, peuplé de pêcheurs et de paysans indigènes, dont l’équilibre économique s’est trouvé bouleversé de façon éphémère par leur arrivée. » explique Nadeije Laneyrie-Dagen, commissaire de l’exposition.

« Celles et ceux qui ont vécu là l’enfer et se voient forcés à présent d’emprunter le chemin du retour, les natifs pris au piège de mouvements incohérents qui les ont fait otages plutôt que bénéficiaires, et la jungle, prolifique, admirable, et défigurée, sont les héros de l’installation immersive » que propose Isabel De Obaldia pour la Maison de l’Amérique latine.

Isabel De Obaldia est née à Washington DC en 1957 de parents franco-panaméens. Elle a grandi au Panamá, où son père, Guillermo Trujillo, était un peintre renommé. Formée en Amérique et en Europe (elle a étudié l’architecture à l’Université de Panamá et le dessin à l’École des Beaux-Arts de Paris, obtenu une licence en graphisme et cinématographie à la Rhode Island School of Design en 1979 ; étudié à l’Art Students League de New York en 1982 ; puis en 1987, commencé à travailler le verre à la Pilchuck Glass School, une école de verre mondialement reconnue), Isabel De Obaldia est une artiste aux moyens d’expression multiples : peinture, sculpture – principalement le verre — vidéo, animation, son. Elle a bénéficié, à Panamá, aux États-Unis et en Europe, d’expositions personnelles, et a participé à de nombreuses manifestations collectives. Elle mène, depuis quatre décennies, un travail engagé, attentif aux vicissitudes politiques du Panamá (la dictature de Manuel Noriega, l’invasion américaine) et aux désastres du monde.