Le Chili devient le premier pays d’Amérique latine à dire non aux sacs plastique jetables

Selon l’Association des industries du plastique, 3,4 milliards de sacs en plastique environ sont utilisés au Chili chaque année, soit plus de deux cent par habitant. Le vendredi 3 août dernier, Sebastián Piñera, président de la République du Chili, a promulgué une loi récemment votée au Parlement qui prohibe aux commerces de distribuer gratuitement ou de vendre des sacs en plastique. Le Chili est le premier pays latino-américain à se doter d’une telle loi.

Photo : T13

Les sacs en plastique posent un réel problème environnemental. En effet, 400 ans sont nécessaires pour qu’ils se dégradent intégralement. Par ailleurs, les faiblesses des infrastructures dans le ramassage et le recyclage des déchets entraînent une importante pollution des espaces naturels.

Avec cette loi, le Chili espère faire baisser radicalement la consommation de sacs en plastique en divisant par huit le nombre de sacs plastique utilisés dans le pays. Cette mesure est d’ailleurs fortement soutenue par la population. Selon le site de la campagne #chaobolsasplasticas («Ciao sacs en plastique»), 95% de la population approuve cette nouvelle législation.

Toutefois, cette interdiction n’inclut pas tous les types d’emballage en plastique. Certains produits (viande et fromage à la découpe, pain, légumes…) pourront toujours être emballés dans des sacs en plastique. L’objectif des parlementaires et du gouvernement est de supprimer les sacs en plastique donnés en caisse. On assiste d’ailleurs à la multiplication des sacs réutilisables pour remplacer les sacs jetables.

Depuis la promulgation de la loi, les commerces ne peuvent plus donner plus de deux sacs en plastique par client. Les grands magasins ont six mois pour se conformer à la nouvelle législation. Les petites épiceries et autres commerces de proximité bénéficient de deux ans pour mettre la loi en application. Passé cette date, les commerces distribuant ou vendant des sacs en plastique jetables seront passibles d’une amende de 230 000 pesos, ce qui représente environ 300 euros.

Cela ne doit pas faire oublier par ailleurs que les sacs en plastique ne représentent qu’une faible partie de la consommation de plastique. Bien que la mesure aille dans le bon sens, il est clair que le Chili, comme le reste du monde, a encore beaucoup de chemin à faire pour la préservation de l’environnement.

Toutefois, la prise de conscience qui semble s’opérer dans la société chilienne est de bon augure. D’autres mesures sont d’ailleurs prises pour protéger l’environnement. Ainsi, le 3 octobre dernier, a été publié au Journal officiel un règlement obligeant les fabricants et importateurs de pneumatiques à prendre en charge le traitement des pneumatiques usés. En 2021, la moitié des pneumatiques devrait être recyclée, et le gouvernement espère encourager le développement d’une filière de valorisation de ces déchets. D’importantes amendes pour ceux qui ne prendraient pas en charge ce recyclage sont prévues.

Avec 4 000 kilomètres de côtes, le Chili est un des pays les plus concernés par la pollution des océans. Il ne reste plus qu’à espérer que cette législation donne des idées aux autres pays du continent et de la planète pour qu’ils bannissent, eux aussi, les sacs en plastique jetables.

Rai BENNO
Depuis Santiago du Chili