La députée Paula Forteza souhaite que la France s’inspire de l’Amérique latine

Souvent méconnus du grand public, onze députés représentent depuis 2008 les français de l’étranger auprès de l’Assemblée nationale. Repartis par zones géographiques, ceux-ci sont chargés de faire valoir les revendications des quelques 1 782 188 français résidant hors de France. En poste depuis 2017, la députée franco-argentine Paula Forteza compte aujourd’hui présenter à l’Assemblée certaines initiatives inspirées d’expériences latino-américaines. 

Photo : Assemblée Nationale

Jeune députée des français d’Amérique latine et des Caraïbes, Paula Forteza est née à Paris de parents argentins en 1986.  Après des études au lycée franco-argentin Jean Mermoz, elle est diplômée de l’université Torcuato di tella à Buenos Aires et de l’institut d’études politiques de Paris. C’est en 2017 qu’elle est élue, sous l’étiquette de La République en marche (LREM), dans la deuxième circonscription des Français de l’étranger (Amérique latine et Caraïbes). 

Faciliter les procédures d’obtentions de visas pour les ressortissants français sur le sol latino-américain ou, plus récemment, la vaccination de certains latino-américains vivant en France, c’est ce qui marque son quotidien actuel.  Son rôle étant de servir d’intermédiaire entre le gouvernement français et ses ressortissants résidant en Amérique latine et les gouvernements latino-américains et leurs ressortissants sur le sol français. 

Néanmoins, la jeune députée a montré son intérêt pour divers questions cruciales en France ne se rapportant pas forcément à la question des ressortissants d’Amérique latine. Au mois de Janvier, elle remet au gouvernement le rapport parlementaire « Quantique : le virage technologique que la France ne ratera pas », détaillant 50 propositions pour faire de la France un leader international de cette technologie dans le cadre du Plan Quantique dont le but est de trouver une place pour la France dans la «3ème révolution quantique ». 

Le 28 Janvier 2020, elle annonce son départ de LREM et explique lors d’une interview sur RMC « avoir attendu un tournant à gauche et écologique du mandat qui n’arrive pas ». Elle appelle alors à la création d’un nouveau groupe « écologiste et progressiste » avant de participer à la fondation du groupe Écologie démocratie solidarité (EDS) à l’Assemblée nationale qu’elle devait présider en alternance avec Matthieu Orphelin ; le groupe est dissous avant sa période de présidence. 

Récemment, toujours avec son homologue Matthieu Orphelin, elle a lancé un « appel à toutes les personnes de bonne volonté » pour sortir du complotisme qui anime bien des esprits depuis le début de la pandémie mondiale. Il semblerait aujourd’hui que la députée soutienne le groupe des Nouveaux Démocrates, mouvement lancé le 16 Décembre 2020. 

Lors d’une de sa dernière visite sur le sol sud-américain au mois de décembre 2020, la députée a mis en lumière les causes qui lui sont chères. Au Chili par exemple, la problématique des visas, la réciprocité du permis de conduire ou encore le mouvement féministe très actif sont des thématiques qui ont retenu son attention. 

La jeune femme souhaite en outre apporter en France des idées issues de ce qu’elle observe et admire sur son continent d’origine. Grande admiratrice des mouvements féministes d’Amérique latine, elle espère voir la France s’en inspirer, ce qu’elle a déjà commencé à faire en introduisant par exemple la notion de féminicide, issu de l’espagnol « feminicidio », dans son vocabulaire. En Bolivie, elle a rencontré des associations qui militent pour la création d’une loi visant à supprimer les violences faites aux femmes dans la sphère politique. Elle a ramené ce texte avec elle pour le discuter à l’Assemblée nationale et voir s’il serait possible de le mettre en place en France. Elle a également ramené les détails sur la modalité du scrutin constitutionnel qui a lieu en ce moment au Chili pour l’ajouter au débat français. En effet le Chili est le premier pays au monde qui écrira sa constitution de façon totalement paritaire et bien d’autres aspects de cette constitution s’annoncent inspirants. Elle a également participé à des débats en Argentine sur le droit à l’avortement. Elle souhaite avancer les mêmes arguments pour le débat au Chili, qui concerne aussi les femmes françaises vivant dans ce pays. 

Paula Forteza donne ainsi la possibilité à la France, comme à l’Amérique latine, de s’inspirer des choses expérimentées chez l’autre. Et bien plus que cela, elle les incite à le faire. Cela créé des échanges d’idées dynamiques entre des cultures différentes qui sont aux origines d’évolutions politiques des deux côtés.   

Julie DUCOS