«Femmes du chaos vénézuélien», un documentaire de la Franco-vénézuélienne Margarita Cadenas

De plus en plus de documentaires sortent en salles. Après le très beau Jericó, le vol infini des jours, de la Colombienne Catalina Mesa, sur les écrans depuis le 20 juin, c’est au tour de ce film, Femmes du chaos vénézuélien, réalisé par Margarita Cadenas, de dresser le portrait de cinq femmes vénézuéliennes.

Photo : Femmes du chaos vénézuélien

«Le projet de mon documentaire est né dans l’urgence, explique Margarita Cadenas, comme un devoir moral qui s’imposait à moi de témoigner de la situation actuelle au Venezuela. En tant que réalisatrice franco-vénézuélienne, je ne pouvais pas rester insensible ni inactive face à la crise majeure qui frappe mon pays. Un pays que j’ai connu par le passé riche, beau, prospère, et que je vois aujourd’hui sombrer de plus en plus dans le chaos.» 

«Dans mon enfance, le Venezuela était (et demeure) le pays dont la réserve de pétrole est la plus importante au monde, sans parler de ses autres ressources naturelles. C’était l’un des pays leader d’Amérique latine, avec un développement, une croissance économique et des avancées technologiques impressionnantes. C’était une sorte de « terre promise ». Aujourd’hui, le pays vit la plus grande crise de son histoire.» 

«Même si je me suis beaucoup investie émotionnellement dans le film, mon but était de transmettre un constat objectif sur la situation insupportable que vivent les Vénézuéliens, plongés dans un climat politique asphyxiant et une émigration massive. J’ai suivi cinq femmes fortes dans leur vie de tous les jours avec l’idée que chacune d’entre elles incarnaient un aspect du dysfonctionnement de la société vénézuélienne. Trois d’entre elles se battent à présent pour leur survie dans un pays au bord de l’anarchie. Les deux autres sont parties construire un avenir plus sûr dans un autre pays…» 

«Cependant, le film a une certaine dimension subversive étant donné que l’armée nous avait formellement interdit de filmer l’intérieur des hôpitaux ou les enseignes des supermarchés, nous obligeant à filmer de manière clandestine. Toute critique jugée « antipatriotique » était également interdite à l’enregistrement. Pour ces raisons, l’équipe technique a préféré rester dans l’anonymat.» 

Chacune de ces femmes représente un problème majeur de la crise : la pénurie alimentaire, le manque de moyens dans les hôpitaux, les prisonniers politiques, le manque d’eau, l’injustice et la délinquance. Elles se sont livrées sans masque. On voit aussi la vie à Caracas dont le seul travail devient la recherche d’un moyen pour survivre, souvent de petits trafics. On achète ce que l’on trouve, même si on n’en a pas besoin, pour faire ensuite du troc avec d’autres produits, comme le montre la séquence sur le trafic des couches. Par rapport aux difficultés des citoyens, on entend à la radio la langue de bois du pouvoir. Depuis le début du tournage, la situation a encore empiré.

À l’écran depuis le 4 juillet, le film est soutenu par Amnesty International et Human Right Watch. Il a participé à de nombreux festivals internationaux de films documentaires et de droits de l’homme (Prague, Genève, Londres, Copenhague, Francfort, La Hague, New York).

Alain LIATARD

Pour plus d’informations sur le film, visitez le site qui lui est dédié : https://www.femmesduchaosvenezuelien.com