La disparue du Venezuela est le premier roman de Diane Kanbalz. « Un roman librement inspiré de faits réels » précise une note discrètement mise en exergue au verso de la dédicace. Autour d’une sombre affaire de disparition, la romancière construit un polar haletant qui sait accrocher le lecteur dès les premières pages. Pour son premier roman, Diane Kanbalz nous livre un polar documenté, sans temps morts, envoûtant.
Photo : Diane Kanblaz/Éditions de l’Aube
3 décembre 2012. Cécile, jeune ressortissante française est enlevée à Mérida, une des zones les plus dangereuses de l’Amérique latine, « le cauchemar des flics et le paradis des truands ». Trois semaines plus tard, l’enquête est au point mort, la famille s’impatiente et la presse est alertée. Le Quai d’Orsay prend contact avec Caracas. L’affaire est alors confiée au capitaine Philippe Larcoeur, officier de liaison détaché à l’ambassade de France. Le policier se serait bien passé de cette mission. Une seule chose le préoccupe : s’envoler pour Paris et arriver à temps pour l’anniversaire de sa fille. Pourtant, sa hiérarchie ne lui laisse pas le choix, il doit se rendre à Mérida où rien ne se passera comme il l’aurait souhaité.
Passage obligé, Larcoeur rencontre d’abord la famille de la victime et le commissaire Lazares, personnage haut en couleur, véritable caricature de flic – ou de truand ? – qui ne lui sera pas d’un grand secours. Puis, très vite, piégé par le tour que prennent les événements, le policier fait de cette enquête une affaire personnelle. Prisonnier d’un passé douloureux auquel il tente de survivre, il se laisse guider par son flair et son expérience, au mépris des procédures réglementaires, quitte à se mettre à dos ses supérieurs et à briser une carrière dont il n’a que faire.
Ses investigations le confrontent d’abord aux caïds et autres malfrats des barrios, puis le conduisent jusqu’au « parrain » qui, depuis une suite luxueuse au sein même de la prison, règne sur la pègre locale. Impulsif, ayant du mal à se contrôler, Larcoeur n’hésite pas à prendre des risques pour lui-même et pour les autres. À plusieurs reprises, son comportement imprévisible met à mal ses collègues et compromet la suite même de l’enquête. Un personnage à la fois inquiétant et attachant.
Diane Kanbalz – qui travaille pour différents organismes non gouvernementaux – semble connaître parfaitement le Venezuela, notamment les milieux de la diplomatie et de la police. Avec, en toile de fond, la maladie du président Chavez, hospitalisé à Cuba pour une énième opération de son cancer, elle nous entraîne dans un pays gangréné par la misère où sévit une criminalité à grande échelle. Les gangs dictent leur loi. La violence et la corruption restent souvent impunies. Le danger rôde en permanence.
L’intrigue est servie par une écriture nerveuse et rapide qui serre la réalité de près. L’emploi du présent contribue à plonger le lecteur au cœur de l’action et maintient un vrai suspense jusqu’au dénouement. Pour son premier roman, Diane Kanbalz nous livre un polar documenté, sans temps morts, envoûtant.
Mireille BOSTBARGE
Diane Kanbalz, La disparue du Venezuela, éditions de l’aube, coll. « Noire », octobre 2017, 268 p., 22 €.