5 juin 2025 : Journée mondiale de l’environnement, une urgence environnementale et humaine 

La pollution par les plastiques constitue aujourd’hui l’un des symboles les plus visibles de la crise environnementale. Présente dans les sols, les rivières, les océans, cette matière dérivée du pétrole est maintenant dans chaque recoin de la planète. Elle perturbe les écosystèmes, empoisonne les chaînes alimentaires, compromet la santé humaine et contribue à la dégradation climatique. Les déchets provoquent également l’épuisement des ressources naturelles, détériorent les conditions de vie de millions de personnes et forcent parfois les populations à migrer à la recherche d’un environnement plus sûr. Face à cette menace globale, les réponses doivent être à la fois structurelles et conjoncturelles. Heureusement, de nombreuses initiatives concrètes voient le jour en Amérique latine pour changer les comportements, renforcer la sensibilisation et restaurer les milieux naturels.

Des millions de personnes s’unissent pour protéger l’environnement, et notamment les milieux marins, dans une volonté de développer une nouvelle forme de « citoyenneté de l’océan ». L’Amérique latine est un terreau particulièrement actif en la matière. Par exemple, à Salvador de Bahia, au Brésil, un groupe de surfeurs s’est organisé depuis 2010 pour lutter contre les déchets marins. Leur projet, baptisé Fundo da folia (« Le fond de la fête »), consiste à repêcher les détritus rejetés à la mer. En Uruguay, l’initiative « Routes maritimes » propose la création d’un musée virtuel du paysage maritime de la baie de Maldonado, destiné à sensibiliser le public à la préservation du patrimoine culturel et subaquatique. Ces actions ne sont pas isolées : elles s’inscrivent dans une dynamique plus large de nettoyage des plages, d’ateliers dans les écoles, ou de campagnes “zéro déchet” sur les réseaux sociaux.

Le désert d’Atacama, au Chili, illustre à lui seul l’ampleur du désastre. Ce lieu unique à l’écosystème fragile est aujourd’hui défiguré par une décharge à ciel ouvert composée de tonnes de déchets plastiques et de vêtements usagés, principalement venus d’Europe. Chaque année, ce sont plus de 60 000 tonnes qui s’y entassent, générant des risques sanitaires majeurs tant pour la faune et la flore que pour les hommes.

Face à cette situation alarmante, le Chili est devenu en 2018 le premier pays d’Amérique latine à interdire le plastique à usage unique, grâce à une loi portée notamment par l’ONG Alianza Basura Cero Chile. Des objets comme les pailles, qui mettent jusqu’à cent ans à se dégrader, sont progressivement retirés de la circulation. Cette législation fait figure de modèle, et d’autres pays de la région comme l’Argentine, le Mexique ou le Brésil ont eux aussi adopté des politiques similaires et lancé des campagnes de sensibilisation. Au-delà des réglementations nationales, des initiatives internationales émergent pour repenser complètement notre rapport au plastique. C’est l’objectif du New Plastics Economy Global Commitment, porté par le programme Environnement des Nations-Unies : promouvoir une économie circulaire où le plastique ne serait jamais un déchet, mais constamment réutilisé ou recyclé.

La pollution plastique a des conséquences dramatiques sur les ressources hydrauliques, déjà fortement sous pression dans plusieurs régions d’Amérique latine. L’eau, essentielle à la vie, est menacée par les déversements industriels, les marées noires, la mauvaise gestion des eaux usées et la présence croissante de microplastiques. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 26 % des décès d’enfants de moins de 5 ans sont directement liés à des facteurs environnementaux : pollution de l’air et de l’eau, déforestation, insalubrité des milieux marins… Autant de défis qu’il est urgent de relever pour protéger les générations futures1. Toutes ces initiatives nous enjoignent, à travers la sensibilisation de la journée mondiale de l’environnement, à rappeler qu’il faut changer notre rapport au plastique, soutenir les projets de sensibilisation, repenser nos modes de production et de consommation. 

  1. selon l’étude Ortega-García, 2019 ; Americas Quarterly, 2019 ↩︎