Javier Milei est au cœur d’un scandale financier. Le 14 février, le président argentin fait momentanément la promotion d’une cryptomonnaie, le $Libra, sur les réseaux sociaux, entraînant une flambée de sa valeur. Mais quelques heures plus tard, la monnaie s’effondre, provoquant la colère des investisseurs.
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La popularité du président argentin pourrait bien être ternie par ce nouveau scandale. Le 14 février, un jeune Américain nommé Hayden Davis lance une cryptomonnaie, le $Libra, sur la blockchain Solona. Soutenue par Javier Milei, sa valeur s’envole. Mais au sommet de sa cotation, les créateurs – qui détiennent 80 % des actifs – vendent massivement, précipitant une chute brutale dans la nuit du 14 au 15 février. Résultat : l’entreprise derrière la cryptomonnaie empoche entre 70 et 100 millions de dollars (67 à 96 millions d’euros), laissant des milliers d’investisseurs sur le carreau. Une centaine d’entre eux portent plainte, tandis que l’opposition péroniste accuse le président d’être mêlé à une « crypto-arnaque » et réclame l’ouverture d’une commission d’enquête.
Milei se défend et minimise son rôle
Interrogé sur la chaîne TN le 17 février, Milei nie toute responsabilité dans l’effondrement du $Libra. Il affirme avoir seulement « diffusé » l’information et insiste sur le fait que les investisseurs étaient conscients des risques. Si le président argentin n’est pas impliqué dans la création de la cryptomonnaie, il avait néanmoins rencontré Hayden Davis le 30 janvier à Buenos Aires. Il a d’ailleurs immortalisé l’instant avec une photo postée sur X, saluant des « discussions intéressantes ». Le média d’opposition Página 12 avance deux hypothèses : soit Javier Milei a participé à une escroquerie en connaissance de cause, soit il a soutenu le projet du $Libra par méconnaissance – ce qui ternirait son image d’économiste.
Un premier bilan salué après un an de mandat
Javier Milei est le premier président argentin économiste de formation. Face à une inflation incontrôlée et à une pauvreté de masse, cet ultra-libéral avait fait la promesse de redresser l’économie à coup de tronçonneuse. Après une année à la tête du pays, force est de constater que c’est chose faite. Les dépenses gouvernementales ont été fortement réduites, notamment via une campagne de licenciements dans le secteur public, de nombreuses privatisations ou encore une réduction des programmes d’aide sociale. Javier Milei a également dévalué la monnaie argentine, ce qui a permis de revenir à une inflation à un chiffre. Mais la santé retrouvée de l’économie argentine s’est faite au détriment d’une partie de la population. Depuis 2024, les retraités ont vu leur pension minimale réduite de 13 % en moyenne et les petites et moyennes entreprises souffrent de la réduction des dépenses publiques. La pauvreté, quant à elle, continue d’augmenter : elle est passée de 42 % au second semestre 2023 à 53 % au premier semestre 2025. Le scandale du $Libra vient fragiliser un président dont la méthode, brutale et sans concession, commence à montrer ses limites sur le plan social.
Juliette BURNEL