Le dernier roman en français de l’écrivain colombien Antonio Ungar

Le nouveau roman du Colombien Antonio Ungar, Eva et les bêtes sauvages, aux éditions Noir sur blanc dans la collection Notabilia, traduit de l’espagnol (Colombie) par Robert Amutio, est disponible en librairie depuis le 18 janvier 2024. La chronique de Marcelline Perrard.

Photo : Latinos

Eva est une jeune femme de bonne famille qui virevolte dans les milieux de la nuit. Drogue, alcool, sexe et fête sont les piliers de son quotidien. La naissance de sa fille Abril pourrait être un garde-fou, mais l’addiction est trop forte. Alors son diplôme d’infirmière en poche, Eva décide que la seule chose pour sortir de cette spirale mortifère, c’est de partir. De lien en lien, elle entend parler d’un dispensaire au milieu de la jungle, au cœur de l’Amazonie, dans la petite ville de Puerto Inírida. Sous les ordres du Dr. Andrade, entourée des prostituées du bordel de La Madrina, Eva va découvrir tout un écosystème, aussi déroutant que violent.

Car au cœur de la jungle, ce sont d’autres règles qui régissent la société. Ici, à Puerto Inírida, on trouve le long du fleuve différentes populations. Des mineurs et chercheurs d’or qui draguent et tamisent ; des villages de populations indigènes qui commercent et vivotent ; et le trio infernal, paramilitaires, narcos, guerrilleros. Dans ce milieu à ciel ouvert, en pleine nature, on vit pourtant en huis clos. Chaque mouvement est épié, su et puni ou récompensé, chaque provocation vengée. Eva y trouvera pourtant un apaisement, d’abord dans son travail auprès du Dr Andrade, et ensuite dans les bras de El Gordo Ochoa. C’est un substitut de famille qui se construit, loin de tout.

Le choc pour Eva, ce sera sa première excursion dans la jungle à la rencontre des tribus indigènes. La jungle lui tombe dessus comme une vague verte, imposante, étouffante et en même temps libératrice, lourde d’une nouvelle vie sans promesses. Mais une rumeur commence à remonter dans les différentes communautés, et notamment les plus armées : il y aurait de l’or, plus qu’avant, un nouveau filon au-dessus de Puerto Inírida. Certains le voient comme une aubaine, d’autres grincent que cela ne changera rien. Le bon Dr Andrade, lui, sent venir les troubles.

Antonio Ungar raconte ici des histoires de rédemption de personnes blessées et emportées par un système qui ne jure que par la drogue, l’argent et le pouvoir que les deux précédents lui donnent. Chacun cherche un semblant d’émancipation là où il peut, dans une prostitution bien encadrée, un trafic dans les règles, un semblant d’Eden au milieu de l’enfer pour donner un peu de sens, si tant est qu’il y en est.

Message de la rédaction : Si vous avez apprécié cette chronique, nous vous recommandons de vous rendre sur le blog de Marcelline Perrard pour des présentations littéraires savoureuses et raffinées : Encore une tranche ! | Les livres, c’est comme le fromage, il faut toujours avoir du stock.