Amérique latine ONU 2030

Agenda 2030 en Amérique latine et dans les Caraïbes : si proche et si loin. En 2015, l’ONU a fixé 17 objectifs de développement durable (ODD) qui devraient être atteints d’ici 2030 et qui définissent les programmes de développement au niveau mondial. En ce moment, nous nous concentrons sur la dernière partie de ce chemin qui, en Amérique latine et dans les Caraïbes, est plein de défis et d’opportunités.

Photo : FAO

Afin d’examiner les progrès de l’Agenda 2030, le Sommet des ODD s’est tenu lors de la 78e Assemblée générale des Nations Unies (UNGA78) les 18 et 19 septembre 2023. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU a appelé à des progrès « urgents » dans la stimulation des ODD avec la mobilisation de 500 milliards de dollars par an pour changer une trajectoire qui, si nous ne subissons pas un changement de direction, ne nous permettra pas d’atteindre les ODD.

Malgré l’abondance de ses ressources naturelles et de sa richesse culturelle, l’Amérique latine et les Caraïbes sont confrontées à des défis importants dans leur recherche d’un développement durable et inclusif qui améliore la qualité de vie de ses habitants. Notre région se caractérise par une inégalité marquée dans la répartition des richesses, un écart de productivité lié à des taux élevés d’informalité, une polarisation croissante qui empêche la construction d’un consensus et une grande vulnérabilité aux phénomènes naturels extrêmes et aux autres effets du changement climatique.

La pandémie de COVID-19 et la crise économique qui a suivi ont entraîné un recul de plusieurs indicateurs des 17 ODD. Début 2023, la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) prévenait que seul un tiers des ODD étaient en passe d’être atteints d’ici 2030. Les ODD liés à l’éradication de la pauvreté (ODD 1), la réduction la lutte contre les inégalités (ODD 10), les villes et communautés durables (ODD 11), l’action climatique (ODD 13) et la recherche de la paix, de la justice et d’institutions fortes (ODD 16) étaient les plus en retard. Face à ce panorama, le changement de direction pour atteindre les objectifs convenus par les 193 pays membres de l’ONU en 2015 nécessite un renforcement du multilatéralisme et l’adaptation de l’architecture financière mondiale pour répondre plus efficacement et plus rapidement aux besoins du développement durable dans la région. Il est essentiel de renforcer le rôle crucial que jouent les banques de développement dans la réalisation de ces objectifs, tant en termes de mobilisation des ressources que de soutien technique aux problèmes de développement. L’Amérique latine et les Caraïbes, qui comptent de plus en plus de pays classés comme revenus moyens ou élevés, doivent développer des instruments financiers innovants et axés sur l’impact. De même, les banques de développement doivent être une force motrice dans la construction d’alliances avec les agences et programmes des Nations-Unies, avec le secteur privé, avec la société civile et avec d’autres organisations multilatérales pour éviter la duplication des efforts et rechercher des complémentarités. Enfin, il est nécessaire de continuer à travailler à la mise en œuvre de mesures garantissant une plus grande transparence et une responsabilité efficace, exigences tant pour la légitimité et l’efficacité de nos actions que pour la mobilisation de ressources auprès de tiers. Les ODD constituent un guide nécessaire pour relever les défis auxquels sont confrontés l’Amérique latine et les Caraïbes.

Pour atteindre ces objectifs, des investissements substantiels dans des projets et des programmes promouvant le développement durable sont nécessaires, mais cela ne suffit pas. En outre, il est essentiel d’investir dans la production, l’analyse, la diffusion et l’utilisation de données pour mesurer les progrès et prendre des décisions fondées sur des données probantes dans la formulation des politiques publiques. Malheureusement, de nombreux pays de la région, notamment dans les Caraïbes, manquent de données fiables, ce qui rend difficile un suivi précis des progrès et des revers. Alors que nous sommes à mi-chemin de 2030, nous avons la grande responsabilité de coordonner les efforts pour maximiser l’impact des investissements dans les projets et programmes de développement durable et inclusif. La CAF, en particulier, a renforcé sa coordination avec le système des Nations-Unies ces dernières années, en signant plus de 45 accords avec plus de 22 agences et programmes des Nations-Unies qui se traduisent par une coopération efficace pour nos pays. Par exemple, avec le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), dans le cadre de l’UNGA78, nous avons lancé un programme pour accompagner notre région dans le renforcement de la gouvernance. En collaboration avec l’OPS, nous travaillons à l’amélioration des réseaux de services de santé ou avec l’UNICEF, nous travaillons au Panama sur la protection de la petite enfance. Cela démontre une volonté de travailler ensemble pour relever les défis du développement qui ne peuvent être résolus de manière isolée. Il est donc nécessaire d’accélérer les efforts collectifs pour atteindre 2030 avec des résultats à la hauteur des attentes, conformément à la déclaration « orientée vers l’action » adoptée lors du dernier Sommet des ODD : il faut renforcer les moyens de mise en œuvre et, en particulier, le financement. pour le développement en investissant massivement pour faciliter les transitions justes et équitables en matière d’énergie, d’alimentation, numérique, ainsi qu’une transformation de l’éducation et une protection sociale forte dans nos pays, sinon les objectifs ne seront pas atteints.

D’après Press ONU