Au Paraguay le pays est en tension après les élections

Le 30 avril 2023, Santiago Pena, du parti conservateur Colorado, au pouvoir presque sans interruption depuis 1947, était élu président de la République. Le candidat Paraguayo Cubas « antisystème », arrivé troisième dans la course à la présidentielle, appelle ses partisans à manifester pour exiger un recompte des votes. Cet appel a été repris par Efrain Alegre, arrivé second à la présidentielle.

Photo : ABC

Une centaine de personnes ont été arrêtées à la suite de manifestations violentes qui ont eu après les élections présidentielles au Paraguay. Le candidat Paraguayo Cubas, qui a obtenu près de 23% des voix, ce qui fait de son parti la troisième force politique du pays, a demandé un recompte des votes, assurant qu’il y a eu fraude. « La mafia, les narcotrafiquants qui ont gagné alors que le Paraguay a perdu », déclarait-il accompagnant ces accusations. Il a lui-même été arrêté pour « troubles à l’ordre public ». Il est également suspecté de « résistance, de menace d’un acte punissable, de tentative de coercition à l’égard des organes constitutionnels et de tentative d’obstruction aux élections. » Coopérant, d’après la police, il a tout de même déclaré, sur Facebook : « Ils m’emmènent arrêté et menotté comme un délinquant, alors que les vrais sont libres et continuent de dominer le pays »

Plusieurs manifestations ont eu lieu dans les rues de Asuncion, la capitale, devant le Tribunal Superior de Justicia Electoral. Il y a une semaine, c’est-à-dire une semaine après l’élection du 30 avril, les partisans de Cruzada Nacional, le parti du candidat Cubas, ont d’ailleurs fermé les accès à ce tribunal, engendrant des confrontations violentes avec les forces de l’ordre paraguayennes.

L’autre candidat déçu, celui arrivé second, Efrain Alegre, a également appelé ses partisans à manifester. Ce dernier dénonce le manque de transparence des institutions électorales paraguayennes. Le 7 mai, il appelle à se mobiliser devant le Tribunal supérieur de justice électorale pour exiger l’ouverture des enveloppes contenant les bulletins de vote et pour demander la libération des personnes détenues à la suite des manifestations, y compris Paraguayo Cubas.

Le vice-président du Tribunal électoral, César Rossel, indique que le recompte des voies n’est pas prévu dans la loi électorale paraguayenne. Alegre invoque la loi de « libre accès à l’information publique ». Pour rappel, le président élu, Santiago Pena, a remporté 47% des suffrages, Alegre avec sa Concertation Nationale, de centre gauche, 27% et Cubas atteint presque les 23%. La mission d’observateurs de l’Organisation des Etats américains a affirmé qu’« il n’existe aucune raison de mettre en doute les résultats présentés par l’autorité électorale ». La mission d’observation de l’Union européenne partage ces conclusions, estimant que les élections avaient été « bien organisées, transparentes et professionnelles. »

Face aux tensions croissantes qui ne trouvent pas d’issues, Paraguayo Cubas, toujours en prison, s’est résigné à appeler ses partisans à quitter la rue. Loin de se repentir, il déclare « Je vous demande instamment de cesser cette attitude car il y aura sans aucun doute plus de blessés de votre côté que de l’autre. » Son appel est intervenu quelques heures avant l’annonce d’une opération de police visant à dégager l’avenue Eusebio Ayala, où se trouve le Tribunal Electoral, qui était occupée depuis 8 jours.

Marie BESSENAY