Printemps 2018, une vague de manifestations déferle sur le Chili. Julia, une étudiante en musique rejoint le mouvement de son université pour dénoncer le harcèlement et les abus subis par les élèves depuis trop longtemps. Alors qu’elle trouve le courage de partager avec les étudiantes un souvenir qui la hante, elle devient de manière inattendue une figure centrale du mouvement. Son témoignage, intime et complexe, devient une vague qui secoue, perturbe et désarme une société polarisée.
Sept ans et trois films après son Oscar du meilleur film étranger pour Une femme fantastique, le cinéaste chilien Sebastián Lelio va pour la première fois fouler les marches du Festival de Cannes. La Vague– en salle à partir du 5 novembre – , son nouveau long métrage sur une révolte féministe étudiante, a été est présenté dans la sélection Cannes Première. En 2018, le Chili avait remporté le deuxième Oscar de son histoire – celui du meilleur film étranger – grâce à Sebastián Lelio et son film Une femme fantastique. Ce dernier racontait l’histoire d’une serveuse transgenre, qui aspire à devenir chanteuse et se voit contrainte d’affronter la famille de son amant décédé.
Comme pour Une femme fantastique, La Ola est coproduite par son compatriote, le cinéaste chilien Pablo Larraín (Ema) et aborde un sujet contemporain. Dans un campus chilien, Julia, une étudiante en musique prend part à une révolte pour dénoncer le harcèlement et les abus subis par les élèves depuis des années. En parallèle, un épisode personnel la tourmente : lors d’une rencontre déroutante avec Max, l’assistant de son professeur de chant, est-elle bien sûre d’avoir donné son consentement ? Dans l’euphorie collective de ce soulèvement, et au rythme de la musique, Julia devient le cœur du mouvement. Son propre témoignage va se propager comme une onde de choc, comme une vague.
Il s’agit du premier rôle au cinéma de Daniela López, l’interprète de Julia, ainsi que des autres actrices deLa Ola : Avril Aurora, Lola Bravo et Paulina Cortés. Dans ce long métrage musical, Sebastián Lelio se met en quête de redéfinir une société fracturée à travers le biais, fort et libérateur, de la danse et du chant, pour questionner, une fois de plus, les discriminations de genre.
Traiter de la révolte au Chili sous forme de comédie musicale est une surprise. Les grandes manifestations ont eu lieu du 7 octobre 2019 à octobre 2021, en réaction à des mesures d’augmentation des prix des services publics. L’action du film se situe un an auparavant. C’est filmé avec beaucoup de légèreté et d’humour Il s’agit de la quatrième collaboration de Sebastián Lelio avec le compositeur britannique Matthew Herbert dont Une femme fantastique. Pour les numéros dansés du film, le réalisateur a fait appel au chorégraphe américain Ryan Heffington, chorégraphe et danseur américain.
Même s’il y a des professionnels, la plupart des comédiens sont des amateurs. Il a fallu en amont du tournage, pendant trois mois créer un espace de répétition et d’apprentissage qui permette aux artistes impliqués dans les séquences musicales du film de se former au chant et à la danse.
« La Vague, explique le réalisateur, met en scène la cacophonie politique qui secoue notre société aujourd’hui. L’œuvre dépeint ce chaos, cette chance de renouveau, cette confusion, cette excitation enivrante. Et elle le fait avec irrévérence, humour et légèreté incisive. Avec toute sa liberté, le genre musical fait danser des centaines de corps à l’unisson, lève le rideau et expose cette vérité : le privé est politique. Il révèle que le plaisir du chant et de la danse se mêle intimement aux cris de colère et aux appels à la justice sociale, nous donnant à entrevoir une traînée d’étincelles, même à travers les larmes d’une défaite momentanée.»
Alain LIATARD
La Vague (La Ola) de Sebastián Lelio, 2 h 9 min., avec Joséfina Fernández, Lola Bravo, Avril