La victoire de Javier Milei aux élections législatives de Buenos Aires confirme le déclin de la droite traditionnelle

Le parti politique de Javier Milei, La Libertad Avanza (LLA), remporte dimanche 18 mai 2025 les élections législatives locales de Buenos Aires avec près de 30 %^[1] des voix. Se plaçant ainsi devant la gauche péroniste (27,35 %) et le parti de la droite traditionnelle, Propuesta Republicana (PRO) qui ne comptabilise qu’environ 16 % des voix et perd ainsi Buenos Aires après vingt ans de victoires électorales du parti dans la ville.

Photo : Euronews (Argentine)

Les élections législatives du dimanche 18 mai à Buenos Aires avaient pour but de renouveler la moitié du corps législatif de la ville. Ces élections resteront dans les esprits comme signant la fin de l’hégémonie politique de la droite traditionnelle depuis vingt ans sur la ville de Buenos Aires. Propuesta Republicana (PRO) est une coalition de partis argentins de centre droit et de droite fondée en 2005 et devenue un parti politique en 2010. Ce parti de la droite traditionnelle Argentine avait fait de Buenos Aires son « bastion » politique depuis deux décennies. Mais après ces élections, PRO perd sa majorité et se voit désormais dans l’incapacité d’adopter des lois et de gouverner à Buenos Aires comme ils le font depuis 2007. C’est aussi une défaite pour l’ancien président Mauricio Macri représentant PRO à ces élections, qui perd les voix de la droite et dont la capacité à rassembler en vue des élections législatives nationales d’octobre 2025 inquiètent ses soutiens. Cette défaite fragilise également sa potentielle candidature aux présidentielles de 2027. 

Les raisons de l’échec de Propuesta Republicana

María Eugenia Vidal, la directrice de campagne de PRO, attribue la défaite du parti à différents éléments. Tout d’abord, elle souligne le faible taux de participation électorale qui est d’environ 53 %, le niveau le plus bas pour une élection législative depuis le retour de la démocratie en Argentine en 1983. Ensuite, elle reconnaît l’échec de PRO à présenter des projets mobilisateurs pour la ville de Buenos Aires. Enfin, elle considère que Javier Milei, en soutenant personnellement la tête de liste de LLA, Manuel Adorni, a nationalisé cette élection. Ainsi, selon María Eugenia Vidal, les portègnes ont voté non pas pour un projet local mais en vue des élections législatives nationales d’octobre 2025. Le péronisme incarné par Leandro Santoro du parti Ahora Buenos Aires, issu du mouvement politique de gauche de l’ex-présidente Cristina Fernández de Kirchner, se maintient quant à lui, constituant la principale force d’opposition à PRO et LLA. Toutefois, le parti fait moins que prévu.

La victoire de La Libertad Avanza est prometteuse pour octobre 2025

Manuel Adorni remporte ces élections législatives locales profitant du soutien de l’actuel Président Argentin, Javier Milei. Cette victoire confirme la montée de La Libertad Avanza (LLA) depuis deux ans, pas seulement à l’intérieur du pays mais également dans les grands centres urbains comme Buenos Aires. Javier Milei sort renforcé de son combat électoral contre Mauricio Macri. Le Président entend capitaliser sur la défaite de PRO pour s’affirmer comme la seule force politique du pays capable de rassembler la droite et l’extrême droite et de s’opposer au kirchnérisme (du nom de l’ex-présidente péroniste Cristina Fernández de Kirchner). 

La victoire de LLA envoie un signal positif quant à une potentielle victoire de Javier Milei et de son parti aux élections législatives nationales d’octobre 2025. Toutefois, pour le politologue Roberto Nolazco^[2], rien n’est moins sûr. Il nous invite à rester vigilant, considérant que beaucoup de choses peuvent se passer d’ici octobre. Il souligne également que les candidats de chaque province pour les élections législatives nationales seront différents ce qui aura forcément un impact sur l’issue de l’élection. De plus, celle-ci ne sera pas simplement une élection nationale mais celle de vingt-quatre districts différents avec leurs particularités locales, ce qui influencera les votes. 

Yseult ROTURIER

^[1]Selon l’Institut de gestion électorale de Buenos Aires

^[2] Propos recueillis par Guido Burdman pour France24