Le 9 mars : Les femmes mexicaines s’immobilisent pour se rendre visibles. Action inédite

Le 9 mars aucune femme ne bouge : Une journée sans nous. Malgré la force du mouvement féministe au Mexique, les assassinats de femmes ne diminuent pas. Au mois de janvier de cette année il y a eu 73 féminicides. Pour cette raison les femmes appellent à Une journée sans femmes le lundi 9 mars, journée qui suivra la traditionnelle marche du 8 mars pour la Journée internationale de la Femme qui sera certainement massive.

Photo : Andres Martinez Casares

Que vous soyez militan-e ou indécis-e, pour ou contre la discrimination positive ou si vous êtes un-e de ceux qui prennent ce sujet à la légère ou très sérieusement ; homme ou femme, le 8 mars, vous aurez sûrement quelque chose à dire. Parce que la Journée internationale de la Femme, inutile pour certain-e-s, remet tous les ans cette discussion sur la table et pas toujours de manière positive. Cette année, le mot d’ordre de l’ONU Femmes pour cette journée est : “Je suis de la génération de l’égalité pour les droits des femmes » et nous nous arrêterons sur le cas particulier de la grève nationale du lundi 9 mars au Mexique dont le mot d’ordre est : “Le neuf aucune femme ne bouge  » Ni Una mujer en las calles – Aucune femme dans les rues / Ni una mujer en los trabajos – Aucune femme à son travail / Ni una niña en las escuelas – Aucune fille à l’école / Ni una joven en las universidades – Aucune jeune à l’université / Ni una mujer comprando – Aucune femme au marché.

Cette « invisibilité de la femme » a justement comme objectif de rendre visibles les maux et les fléaux de la société mexicaine : les féminicides, ces homicides contre les femmes simplement parce qu’elles sont femmes. Au Mexique, le nombre de femmes assassinées est de deux à dix par jour, nettement plus que dans les pays alentours ou qu’en Espagne par exemple (une femme par semaine) et en France (deux par semaine), d’après des chiffres officiels de 2019. Nous savons tous que le Mexique est devenu l’un des pays les plus dangereux de l’Amérique latine ; cette violence dans les rues mexicaines n’aide pas à enrayer ce fléau contre les femmes et au contraire aggrave leur insécurité.

Les mesures annoncées par le gouvernement de Andrés Manuel López Obrador ne sont pas véritablement mises en application et ne se traduisent pas par des actions pouvant arrêter cette spirale de violence. Sans stratégie claire et avec quelques discours maladroits, alors que venaient d’avoir lieu deux assassinats d’une extrême violence contre des femmes qui mettaient le feu aux réseaux sociaux, le gouvernement se retrouve au pied du mur. L’épouse du président, qui avait dans un premier temps soutenu l’appel des femmes pour le lundi 9 mars, s’est rétractés ensuite, ce qui n’a rien arrangé. Alors, toujours pas scandalisé par le nombre de femmes qui meurent simplement parce qu’elles sont femmes ?

Margarita SAWA