Yamandu Costa, guitariste brésilien, était au festival « Les Guitares » de Villeurbanne : portrait musical d’un virtuose

Du 22 novembre au 8 décembre, l’édition 2017 du festival « Les Guitares » de Villeurbanne propose un tour du monde musical sur quatorze scènes régionales, à travers une vingtaine de concerts. Le concert du compositeur et guitariste virtuose brésilien Yamandu Costa, le soir du 1er décembre, à l’Espace Tonkin de Villeurbanne, était l’un des moments clés de cette manifestation.

Photo : Yamandu Costa/Monica Imbuzeiro

À 37 ans (il est né en 1980 dans le Rio Grande do Sul, État brésilien frontalier avec l’Argentine et l’Uruguay), il est maintenant le plus prestigieux guitariste vivant de son pays, prenant le relai de l’extraordinaire Rafaële Rabello mort prématurément à 33 ans en avril 1995. Son répertoire mêle la tradition musicale brésilienne – le choro bien sûr mais aussi le xote ou le samba – à des rythmes plus traditionnels du Cône Sud mais présent aussi dans la culture « gaùcha » du Rio Grande do Sul comme le tango, la milonga, la zamba ou le Chamamé, cela avec la virtuosité des traditions érudites ou folkloriques latino-américaine ou hispanique.

Les pièces interprétées lors de cette tournée internationale sont soit des compositions originales, soit des morceaux célèbres comme Choclo d’Angel G. Villoldo ou Libertango d’Astor Piazzola (repris avec beaucoup de gentillesse à la faveur d’un second rappel) délicieusement arrangés pour en exprimer toutes les dimensions mélodiques et harmoniques.

Enfin, bien qu’il soit seul, muni d’une petite guitare acoustique à sept cordes, Yamandu Costa occupe tout l’espace sonore et visuel. Sonore car en fermant les yeux, on a le sentiment d’écouter une formation de deux ou trois interprètes. Visuel car si c’est de la guitare – et parfois aussi de sa bouche lorsqu’il fredonne les mélodies à l’unisson avec son instrument – que sortent les notes, c’est avec tout son corps que Yamandu exprime cette musique, à la manière des bluesmen du Mississipi ou des organistes de Gospel. Quant à la qualité du son, elle est irréprochable grâce au savoir faire de l’équipe technique, ce qui à Lyon n’est pas donné.

En bref, ne manquez pas les prochains concerts de Yamandu, quitte à traverser l’Atlantique pour cela et en attendant, écouter les enregistrements en solo, avec le regretté clarinettiste Paulo Maura, ou avec le « sanfoneiro » (la « sanfona » est l’accordéon brésilien du Nordeste) Dominiguinhos.

Monique FLEURET et Alain SAND