Elena Poniatowska lauréate de la plus grande récompense littéraire du monde hispanique

Nous connaissons l’œuvre d’Elena Poniatowska depuis bien longtemps. Nous lisions aussi ses chroniques politiques du journal mexicain La Jornada, dont elle a été l’une des fondatrices. Le réseau que nous avons tissé depuis notre fondation en 1984 allait jusqu’au D. F., ville de Mexico, d’ où des amis nous envoyaient régulièrement des articles, et de temps à autre les propos d’Elena Poniatowska sur les grands sujets de l’actualité mexicaine ou internationale. En octobre 2003, nous présentions, non sans difficultés, la deuxième édition du festival littéraire Belles Latinas. Ce fut l’année où nous avons reçu le moins d’écrivains. Mais parmi les auteurs qui ont accepté notre invitation se trouvait Elena Poniatowska. Elle a passé trois jours à Lyon et ce fut un moment riche d’échanges et de dialogues avec cette grande dame de la littérature latino-américaine. Le contact avec elle ne s’est jamais coupé depuis. L’année dernière, nous avions envisagé de la faire revenir, mais pour raison de contraintes financières, nous n’avons pas pu concrétiser nos souhaits.

Elena Poniatowska est une grande journaliste et écrivaine engagée. Elle vient de remporter le prix Cervantes, la plus importante récompense littéraire du monde hispanique. Le jury l’a récompensée pour « sa trajectoire littéraire dans plusieurs genres, en particulier le narratif, et pour s’être dédiée de manière exemplaire au journalisme, à la chronique et à l’essai », a souligné le ministre espagnol de la Culture, José Ignacio Wert. « Le Mexique vit un moment compliqué. Nous sommes divisés par les luttes politiques internes et par la violence des narcotrafiquants”, a dit Elena Poniatoswka, qui avait soutenu en 2006 le candidat de la gauche mexicaine Andrés Manuel López Obrador.

Née à Paris le 19 mai 1932, d’un père aristocrate d’origine polonaise et d’une mère mexicaine, Elena Poniatowska avait 10 ans quand sa famille émigra au Mexique, en raison de la Deuxième Guerre Mondiale. Ses parents l’envoyèrent étudier aux États-Unis et elle entama à son retour au Mexique, en 1954, une carrière journalistique. Elle commença parallèlement à se dédier à la littérature avec son premier livre Lilus Kikus. Pour le jury du prix Cervantes, elle est devenue l’un des écrivains mexicains les plus engagés et « une des voix les plus puissantes de la littérature en espagnol »En 1971, elle reçut une consécration internationale avec son livre La nuit de Tlatelolco, une compilation de chroniques et de témoignages sur le massacre d’étudiants le 2 octobre 1968 dans le centre de Mexico.

Parmi ses œuvres de fiction traduites en français figurent notamment Cher Diego, Quiela t’embrasse (1978) et Leonora (2011), son livre le plus récent. Considéré comme le prix Nobel de littérature du monde hispanophone, le prix Cervantes comprend notamment parmi ses lauréats le péruvien Mario Vargas Llosa (1994), le mexicain Octavio Paz (1981), l’uruguayen Juan Carlos Onetti (1980) le chilien Nicanor Parra et l’espagnol Camilo José Cela (1995).

Olga BARRY

Photo: Elena Poniatowska et Januario Espinosa, directeur d’Espaces latinos et Belles Latinas, en octobre 2003 à Lyon.