Sens public : vingt ans à tout casser… Rencontre à la Villa Gillet le 28 novembre

Lancé dès 2003, le site Sens-public est animé par son fondateur Gérard Wormser. Indépendant, accessible et sans publicité depuis toujours, partenaire des réseaux Eurozine et Ent’Revues, Sens public se déploie aussi sur papier (Cahiers Sens public – CAIRN.info), a essaimé au Québec (Chaire du Canada « écritures numériques » dir. Marcello Vitali-Rosati à Montréal), et au Brésil (Coletivo Brasil, dir. Júnia Barreto, autrice du dossier Voix indigènes). Pour aborder les cassures contemporaines, la revue organise une rencontre en trois temps.

Photo : Sens Public

Sens public nomme éditorialisation le fait de penser ensemble nos enjeux d’existence et leur
médiatisation. Le moissonnage massif des données débouche sur les créations synthétiques par
apprentissage génératif, qui rapproche toujours plus le réel et l’imaginaire. Certes, la fusion des références a déjà toute une histoire, qui n’a pas attendu les noms d’éclectisme ou de post-modernisme pour faire exister le style. Si toute création collective ou individuelle associe des normes et des écarts, nos invités interrogeront les dimensions nouvelles dans les domaines du droit, de la traduction, de l’édition et de l’information ou de la gouvernance. Cette table-ronde sera animée par Gérard Wormser, en présence de : Niall Bond, historien des idées et des sciences, habilitation à diriger la recherche à l’EHESS, traducteur en sciences sociales (Tönnies…,), coauteur de La traduction dans une société multiculturelle (2022). Anaëlle Martin, rédactrice au Comité national d’éthique du numérique (CCNE-CNPEN), est chercheuse sur le droit de l’IA. Elle promeut le dialogue de l’éthique du numérique avec celle relative aux animaux. Arnaud Billion, docteur en droit du numérique est auteur de Sous le règne des machines à gouverner (2022). Il traitera de « La machine prescriptive », de Léviathan à ChatGPT. Richard Robert, éditeur du site Telos.eu, auteur : La Valse européenne – les trois temps de la crise –avec Elie Cohen, Fayard, 2021 ; Partage de la valeur. Trois pistes pour sortir d’un débat mal posé – PUF, 2023. Angelika Sharygina, spécialiste ukrainienne reconnue de la désinformation politique, déploie une approche critique de l’IA et des réseaux sociaux à Trinity College (Dublin) et pour diverses organisations militantes.

L’édition est une industrie de prototypes ! Les projets singuliers priment sur les séries. Cela pousse à
innover, mais les animateurs de revues savent combien c’est fragile. Nous réunissons des acteurs dont les travaux sont autant d’offrandes pour un public parfois imaginaire. Action par proposition, disait Sartre. Nos pensées s’appuient sur la longue mémoire humaniste de la fréquentation de textes rares et précieux – dont certains sont marqués au sceau du tragique. L’Écriture ou la vie, selon le titre de Jorge Semprún… Cette table-ronde sera animée par Gérard Wormser, en présence de : Yannick Keravec travaille depuis 1999 dans les parages des revues ; il dirige Ent’revues et le Salon de la
Revue
depuis 2017. Rédacteur de nombreux comptes rendus pour La Revue des revues et Ent’revues.
Roberto Gac rompant l’amalgame entre « littérature narrative » et la forme « roman », nous avons développé un nouveau genre narratif post-romanesque – l’Intertexte – tributaire de la révolution cybernétique. Odile Nguyen-Schoendorff, philosophe, poète, autrice de diverses « autobiographies d’un autre » et directrice de la revue littéraire et artistique L’Ouroboros. Gladys Brégeon traque des états d’images, des formes de textes ou des revers du corps. L’écriture poétique sillonne l’étendue du travail plastique sur papier, métal, celluloïd ou à travers des objets détournés. Philippe Dujardin, politologue, conseiller scientifique de la Ville de Lyon, auteur de De la triade aux galaxies, Lettre à mes petits enfants et aux enfants de tous âges (2022). Loïc Marcou, chercheur associé – EHESS et Inalco : traduire les manuscrits d’un Juif Sonderkommando, est-ce traduire une langue ou plusieurs ? Catherine Bodet, l’une des conceptrices du Musée des Confluences, sera rapporteuse de ces débats. Niall Bond assure la traduction d’A. Sharygina vers le français.

Dialogue entre Bernard Lahire et Gérard Wormser. Selon Michel Serres, penser les modifications lentes est le plus difficile. Comment penser la dynamique d’individus marqués par des legs anciens ? Sociologue, Bernard Lahire étudie les rapports entre les acquis évolutifs, les contraintes de la vie à plusieurs et les inventions culturelles. Il vient de publier Les Structures fondamentales des sociétés humaines (La Découverte). Pour sa part, Gérard Wormser, philosophe ayant longtemps travaillé à l’ENS-Lyon et à Lyon2, associe l’analyse phénoménologique aux références textuelles
et historiques et aborde les manières d’habiter le monde, notamment à partir de son expérience du Brésil. Auteur de Facebook, l’école des fans, il vient de publier Abordages culturels, toujours chez Sens public.