« Amérique latine » cinq auteurs français sur le pas de cinq grands noms de la littérature latino-américaine

Les éditions Plon à travers la collection Fidelio lancée en novembre 2021, se sont une filiation rêvée, une haute-fidélité qui évoquent les auteurs de la collection envers leur monstre sacré. La dernière parution est sur l’Amérique latine. La collection est dirigée par Dominique Guiou et Nicolas Gaudemet qui expliquent ici ses motivations.

Photo : Latinos

Quelle est la genèse de Fidelio ? Cette collection est-elle une résurrection améliorée de “Duetto”?

Depuis leur création en 1852, les éditions Plon sont un acteur majeur de l’édition française. Éclairer les lecteurs sur les mutations de notre société, procurer les clés pour mieux décrypter l’actualité, donner la parole aux littératures françaises et étrangères. Dans chaque recueil de la collection Fidelio, cinq auteurs racontent leurs premiers émois littéraires avec l’écrivain qui a changé leur vie : ici, cinq grands noms de la littérature sud-américaine qui n’ont cessé de les fasciner et qu’ils évoquent, chacun à leur façon, intimement, passionnément.
Catherine Bardon sillonne le Pérou à bord d’un bus inconfortable jusqu’à Piura, ville de la chaleur éternelle et décor des romans de Mario Vargas Llosa. Olivier Liron plonge avec émotion dans l’œuvre pleine de symboles de l’inclassable Julio Cortázar. Guillaume Chérel évoque son attachement fraternel et littéraire à l’icône du monde communiste Pablo Neruda. Mélanie Sadler explore de façon intime le féminisme avant l’heure de Gabriela Mistral, prix Nobel de littérature en 1945. Laure Limongi ne craint pas d’interpeller l’intimidant Jorge Luis Borges à travers un dialogue imaginaire avec le maître argentin.

Dominique Guiou : J’ai lancé il y sept ans la collection Duetto. Le principe est très simple : un auteur en raconte un autre. C’est au départ une collection numérique, les Duettos sont des ebooks, par conséquent on ne peut les lire que sur des écrans. Avec Fidelio, nous proposons des livres. Chaque ouvrage regroupe cinq textes, sur le même principe. Cinq écrivains nous font aimer cinq autres écrivains. Chaque texte raconte une histoire d’amour, une belle histoire qui dure, qui finit toujours bien, un compagnonnage dans le temps avec un grand auteur.

Vous êtes deux directeurs de collection. C’est une question de complémentarité dans les thématiques ? Autrement dit, qu’est-ce que l’un apporte à l’autre ? Et vice versa. J’aurais pu aussi écrire : qu’est-ce-que vous vous apportez l’un l’autre ? Mais ce site est aussi une forge d’expériences.

Nicolas Gaudemet : Nos sensibilités, et nos réseaux d’auteurs sont très complémentaires. Dominique Guiou : Il est amusant de constater que nous n’avons pas du tout les mêmes références littéraires. Ce qui est bien avec la littérature, c’est cet incroyable champ des possibles.

La forme carrée s’est-elle immédiatement imposée ?

Nicolas Gaudemet : La forme carrée est née des discussions avec Pauline Ferney, éditrice chez Plon. Nous souhaitions un format différent, petit, sobre et élégant. Le format carré rappelait par ailleurs le format album de musique en CD, avec une idée similaire à la collection Fidelio : on peut acheter pour un titre, ou un auteur, et on en découvre d’autres.

Faut-il avoir lu tous les livres (et la chair est triste, hélas !) pour choisir cinq auteurs pour finir ? Comment vous y prenez-vous ? 

Nicolas Gaudemet : Les textes naissent de rencontres. Nous discutons avec de nombreux auteurs, leur parlons de la collection, et souvent, ils s’exclament : j’aimerais écrire sur tel auteur ! Nous examinons alors si cela peut rentrer dans une des thématiques que nous avons programmées. Dominique Guiou : Le fait de réunir cinq auteurs dans le même recueil permet au lecteur de découvrir des écrivains qu’il ne connait pas. Un lecteur peut acheter le recueil « esthètes japonais » parce qu’il aime Murakami ou Mishima, et la lecture des autres textes lui donnera peut-être l’envie de lire Kawabata ou Yuko Tsushima.

Les cinq auteurs français

Olivier Liron est né en 1987. Normalien et agrégé d’espagnol, il enseigne la littérature comparée à l’université Paris 3-Sorbonne Nouvelle avant de se consacrer à l’écriture et au théâtre. Il se forme en parallèle à l’interprétation et à la danse contemporaine à l’École du Jeu et au cours Cochet. Son premier roman, « Danse d’atomes d’or », est publié en 2016 chez Alma Éditeur et reçoit un accueil remarqué. Il est également l’auteur de pièces de théâtre, de scénarios pour le cinéma et de fictions sonores pour le Centre Pompidou. En 2017, il adapte son roman « Danse d’atomes d’or » pour le cinéma dans le cadre de la promotion « Adaptation de romans » de la Fémis. Son deuxième roman, « Einstein, le sexe et moi », paru en 2018 chez Alma Éditeur, est sélectionné pour de nombreux prix comme le Prix Femina, le Grand Prix des Blogueurs et le Grand Prix des Lectrices Elle. 

Mélanie Sadler 33 ans, est une globe-trotteuse accomplie : après avoir quitté son Alsace natale, elle a arpenté les rues d’Istanbul et de Lima, vécu à Buenos Aires avant d’écrire son premier roman, Comment les grands de ce monde se promènent en bateau, puis son deuxième, Dans les pas de Barbara Davalo (Flammarion, 2014 et 2018). Elle vit aujourd’hui à Paris où elle est professeur de civilisation latino. « Comment les grands de ce monde se promènent en bateau » (2015) est son premier roman. 

Catherine Bardon est une romancière française. Passionnée de voyages et de cultures étrangères, elle sillonne le monde depuis plus de vingt ans pour le compte d’éditeurs de guides touristiques et de beaux livres tels Michelin, Le Petit Futé, Natural Guide… Amoureuse de la République dominicaine, elle a écrit des guides de voyage et un livre de photographies sur ce pays, où elle a passé de nombreuses années. Elle vit à Paris et signe avec « Les Déracinés » son premier roman. Après une carrière dans la communication, elle se consacre désormais à l’écriture et partage son temps entre la France et la République dominicaine. Elle est l’autrice de la saga Les Déracinés qui s’est vendue à plus de 500 000 exemplaires et qui a été distinguée à de nombreuses reprises, notamment par le Prix Wizo et par le Festival du premier roman de Chambéry en 2019. En quelques romans, Catherine Bardon s’est imposée comme une voix majeure du paysage romanesque français. 

Laure Limongi (1976) est une éditrice et écrivaine française. Elle a publié : Éros Peccadille (Al Dante, 2002), Je ne sais rien d’un homme quand je sais qu’il s’appelle Jacques (Al Dante, 2004) et La Rumeur des espaces négatifs (avec Thomas Lélu, Éditions Léo Scheer, 2005).  Elle écrit dans différentes revues et collabore régulièrement à La Revue Littéraire. Écriture en ligne et actualités sur le blog ROUGELARSENROSE. Laure Limongi a créé la collection critique « & » aux éditions Al Dante en 2000, avant de créer et diriger la collection « Laureli » aux éditions Léo Scheer en 2006. A côté d’auteurs reconnus comme Raymond Federman, elle y publie de la littérature contemporaine, comme celle de Céline Minard, Daniel Foucard ou encore Emmanuel Tugny, mais s’illustre surtout par ses efforts pour faire redécouvrir l’œuvre de Hélène Bessette. En tant qu’interprète musicale, elle a notamment participé au disque du compositeur Pierre Henry, Deux coups de sonnette (coll. « Signatures Radio France », éd. Harmonia Mundi). Elle fait également partie du groupe Molypop, en tant qu’auteur, compositrice et musicienne. 

Guillaume Chérel est un écrivain et journaliste français, auteur de romans, de polars, d’essais, de récits de voyage et de livres pour enfants. Il a passé son enfance à Bagnolet et à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, au sein d’une famille de culture communiste, tendance Pif Gadget, ex-ORTF et SFP.  Après des études rapidement achevées, ayant abandonné tout espoir de devenir footballeur professionnel, il se lance dans une vie active tumultueuse et marquée par l’éclectisme. Journaliste – d’abord dans le sport puis la critique littéraire, il a été assistant-réalisateur et car-sitter à New-York. L’écriture lui apparaît alors comme le meilleur moyen de s’offrir une vie libre et aventureuse. Il parcourt le monde, des Comores en Chine, en passant par le Maghreb et l’Afrique francophone. En 1986, Guillaume Cherel abandonne ses études de Lettres à la Sorbonne puis fait ses premiers pas en tant que journaliste dans les pages « sports » de l’Humanité. Indépendant en tant que journaliste, il conserve cette autonomie d’esprit pour affirmer, au fil de ses romans, un ton à part et des idées décalées. Des banlieues de son enfance jusqu’aux États-Unis période Obama, il livre son regard personnel sur un monde en profonde mutation.

D’après l’éditeur