À Genève du 4 au  13 mars : Vingtième édition du festival international du films sur les droits humains 

Comme chaque année nous suivons de près le festival international du film sur les droits de l’homme qui se tient à Genève et qui un de nos correspondants suivra pour nous la riche et pertinente programmation dont sa directrice générale Isabelle Gattiker présente ici son parcours et le contenu de la vingtième édition.

Photo : FIFDH

« Cette 20e édition du Festival du film et forum international sur les droits humains s’est construite dans un moment historique. Nous traversons une ère de puissants bouleversements, une rupture épistémologique profonde et la faillite d’un système. Tant de choses qui nous semblaient acquises, pléthoriques ou évidentes demandent à être repensées : la croissance et les ressources naturelles infinies, notre place dominante parmi les espèces, les fondements de nos nations et de nos identités.

En d’autres termes, nous vivons la fin d’une ère. Cela peut générer paralysie, sidération et repli. Nous voilà vulnérables, sans repères, forcé·es à cohabiter sur un petit caillou lancé à toute allure dans l’espace infini. Mais toute crise porte en elle la possibilité d’un renouveau. Chaque fin est en réalité un début. 

Les pensées fondatrices viennent au monde tout doucement, dans un murmure. Alors, dressons l’oreille : partout, grâce au courage, à la ténacité et à la puissance d’imagination d’activistes, de penseur·ses ou d’artistes, de nouveaux horizons se dessinent. Des lumières s’allument, encore frêles, mais bien réelles.Au FIFDH, nous avons choisi de penser qu’il ne s’agit pas de la fin du monde, mais de la naissance d’un monde nouveau. Sans jamais renoncer à dénoncer des situations insupportables, cette 20e édition du Festival dresse un panorama de réflexions, d’élans, de rêves et de nouvelles manières d’habiter le monde. 

Réapprendre à habiter le monde : la tâche est considérable. Elle demande de trouver de nouveaux leviers, de nouveaux mythes fondateurs, des nouveaux mots, de créer des imaginaires qui englobent l’infiniment grand et l’infiniment petit, l’humain et la nature, le conscient et l’inconscient. C’est un défi, mais c’est aussi une occasion à saisir, un champ qui s’ouvre devant nous, un champ fait de possibles, de découvertes et d’émerveillement. Nous ne verrons probablement pas ce monde de notre vivant. Peut-être même n’adviendra-t-il jamais, et ce caillou dans l’espace se passera de l’humain pour continuer sa route. Mais quoi qu’il advienne, nous sommes face à un choix essentiel : celui de renoncer ou de tenter l’impossible. 

Au sein de ce Festival, notre choix est fait. Nous avons décidé, humble- ment, mais fermement, d’essayer de poser une pierre, petite ou grande, sur ce chemin. Nous tenterons de mener ces 10 jours, puis tous les jours à suivre, de la manière la plus juste possible : en les remplissant de liberté, de joie, de poésie, d’endurance, d’amour, d’espoir et d’engagement. Alors, quelle que soit l’issue, rien ne sera perdu. Et peut-être même que tout sera gagné. Nous vous attendons avec impatience dans nos salles ou en ligne, et nous vous souhaitons dix jours follement vivants ! »

Isabelle GATTIKER