«Hard Paint», un film brésilien de Marcio Reolon et Filipe Matzembacher

Le film Hard Paint de Marcio Reolon et Filipe Matzembacher est au cinéma depuis le 15 mai. Depuis son exclusion de l’université, Pedro vit reclus chez lui à Porto Alegre. Son seul contact avec l’extérieur, il l’a à travers sa webcam lorsqu’il s’exhibe sous le nom de «Neon boy» contre de l’argent. Devant son objectif, il sait comment susciter le désir de ses admirateurs par un subtil jeu de lumières et de peintures colorées qu’il étale sur son corps nu. L’image est étrangement psychédélique, irréelle, hypnotiqueUn jour quand il s’aperçoit qu’un autre jeune homme imite ses performances, il décide de rencontrer son mystérieux rival, ce qui va bouleverser son quotidien solitaire. 

Photo  : Hard Paint  

Les réalisateurs Marcio Reolon et Filipe Matzembacher expliquent la motivation et la volonté qui leur ont permit de créer ce film : «Quand nous nous sentons abandonnés par ceux qui quittent Porto Alegre. Le contact virtuel que l’on peut garder avec certaines personnes nous semble insuffisant. C’est notamment cette idée d’une identité fictive qui nous a motivé pour certains aspects du personnage principal, Pedro, en particulier la question de la dualité entre le monde matériel et le monde virtuel représenté par ‘‘Neon Boy’’. Enfin, notre processus d’écriture a été affecté par un turbulent mouvement politique et social, caractérisé par l’affaiblissement de la démocratie brésilienne et la montée en puissance du conservatisme, en plus des vagues de préjugés au Brésil et dans le monde. Cela nous a remplis de colère et de désespoir qui ont imprégné le film. Ces sentiments nous ont guidé pendant l’écriture du script…Pedro a un côté fragile et délicat, mais aussi une pulsion agressive en lui. Le titre Hard Paint fait référence à cela. La peinture, elle, accentue le côté ‘‘performance’’ loin des standards établis, de quelqu’un qui se démarque de l’ordinaire, mais est constamment menacé par un monde hostile et violent.» 

Pedro est hors du temps et essaie de se construire un monde. On s’en rend compte lorsqu’il va chez son ami où il rencontre une communauté chaleureuse et accueillante, qui lui fait totalement défaut. Le film montre beaucoup avec justesse et émotion la vie surprenante de cette homme. Jamais voyeurs, les réalisateurs réussissent leur tour de force pour raconter une histoire en transmettant avec beaucoup de sensibilité et une réelle précarité et violence. 

 Alain LIATARD 

Hard Paint de Marcio Reolon et Filipe MatzembacherDrame, Brésil, 1 h 58 – Voir la bande d’annonce