Nouvelle édition de Primavera Latina 2019 : «Religions et Politique» en Amérique latine

La semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes en France revient cette année du 23 mai au 1er juin. Dans le cadre de cet événement, les Nouveaux Espaces Latinos présentent une nouvelle fois leur festival Primavera Latina à Lyon. Du 21 au 24 mai, projections de documentaires, animation musicale, conférences et exposition rythmeront l’événement.

Photo : Primavera Latina

Pour sa sixième édition, la semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes en France promet une riche programmation culturelle autour de l’Amérique latine. Par le biais de rencontres politiques et économiques, le festival tend à se questionner sur les défis du monde d’aujourd’hui. Depuis 2015, l’objectif des Nouveaux Espaces Latinos est de créer un événement littéraire selon les mêmes principes que la semaine de l’Amérique latine. Ainsi, depuis cette date, le festival Primavera Latina revient chaque année à Lyon. Pour cette cinquième édition, la thématique du festival est celle des religions et de la politique en Amérique latine. De ce fait, toute la programmation de l’événement tourne autour de problématiques liées à cette idée.

Le premier jour du festival est consacré à la projection du documentaire Sexo, pregações e política, au cinéma d’Écully. La version originale du documentaire brésilien, sous-titrée en français, aborde ainsi la politique brésilienne. Durant 72 minutes, les spectateurs découvriront les députés, religieux, et activistes brésiliens. Depuis l’élection de Jair Bolsonaro, le poids des conservateurs s’est renforcé, laissant l’image d’un pays fermé sur l’homosexualité. Une guerre idéologique voit donc le jour au Brésil, les deux réalisateurs Aude Chevalier-Beaumel et Michael Gimenez ne cesseront de la représenter dans leur documentaire. Ici, leur projet remet donc en question la pseudo liberté sexuelle au Brésil.

Aude Chevalier-Beaumel est une Française ayant vécu au Brésil. Son premier documentaire porte sur des jeunes habitants des favelas tués par la police. Après avoir réalisé deux documentaires au Mexique, elle a suivi un candidat politique brésilien menacé de mort à cause de son combat contre la corruption et la milice. Quant à Michael Gimenez, français lui aussi, au départ journaliste, il se rend au Brésil en 2009 pour filmer le premier documentaire d’Aude Chevalier-Beaumel. Tous deux continuent de collaborer et réalisent ensemble ce nouveau film qui pointe du doigt le paradoxe de la sexualité libérée et du conservatisme extrême du pays. La projection de ce documentaire sera suivie par la réflexion d’Olivier Chatelan, historien.

Mercredi 22 mai, la salle Malraux de l’Université Jean Moulin Lyon 3 accueillera la conférence «Religions et Politique en Amérique latine». Le politologue Jean-Jacques Kourliandsky et l’historien Olivier Chatelan seront présents pour débattre ensemble. La table ronde sera autour de la thématique principale du festival et reposera sur la question «Les Églises évangéliques à la conquête du pouvoir ?» À partir des années 1970, les Églises évangéliques latino-américaines ont commencé à prendre de l’ampleur. Malgré qu’il soit impossible de les quantifier, au Brésil la plupart d’entre elles ont appelé à voter pour le candidat d’extrême droite, actuellement président du pays, Jair Bolsonaro. Ces Églises représentent les mêmes combats que les partisans de l’extrême droite, c’est-à-dire un combat contre l’homosexualité, le mariage gay, l’avortement, la sexualité hors mariage, ou l’euthanasie. Le débat portera donc sur le lien entre les mouvements chrétiens évangéliques et la vague conservatrice.

La journée suivante de Primavera Latina se passera à la salle du Conseil municipal de la Mairie du 1er arrondissement de Lyon. Au programme, la projection du film documentaire Encantado, le Brésil désenchanté, premier long métrage de Filipe Galvon. Dans les années 2000, le Brésil était considéré comme un pays d’avenir. Mais depuis 2013, la puissance économique de l’Amérique latine connaît une grave crise économique et institutionnelle. À travers la décadence d’un quartier homonyme de la banlieue carioca, Encantado retrace les événements qui ont mené le pays à son désenchantement démocratique. Concernant le réalisateur Filipe Galvon, celui-ci, né à Rio, a travaillé pour divers magazines culturels et pour la télévision. Depuis 2013, il vit à Paris et se lance alors dans la réalisation de documentaires. 

Pour clore cette cinquième édition, les Nouveaux Espaces Latinos présenteront le 24 mai à Lyon l’exposition photographique d’Alexandre Bauer. En 2017, ce jeune clermontois est parti explorer l’Amérique du Sud durant plusieurs mois. À son retour, il revient avec des paysages insolites photographiés par ses soins. La Bolivie, le nord de l’Argentine, les chutes d’Iguazú, la forêt amazonienne et le Pantanal Brésilien donnent des couleurs différentes à son œuvre. L’exposition du photographe sera accompagnée par une animation musicale du pianiste et compositeur brésilien Ewerton Oliveira, qui propose un répertoire original, inspiré par des musiques traditionnelles de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Après trois ans de partenariats avec le Musée des Confluences, Primavera Latina rebondi finalement pour offrir une nouvelle dimension singulière au festival. Pour la prochaine édition en 2020, l’objectif sera de continuer dans cette dynamique unique tout en transmettant davantage. 

Eulalie PERNELET

Plus d’informations sur la page du festival.