Suspense pour l’élection présidentielle péruvienne après le second tour du 5 juin 2016

Au moment de notre bouclage, le candidat Pedro Pablo Kuczynski (PPK) a une infime avance sur son adversaire Keiko Fujimori et aucun des deux ne crie victoire. Il faudra encore patienter quelques heures pour connaître le résultat définitif de cette course présidentielle très serrée.

Après le dépouillement de 98,4 % des bulletins, seules 44 000 voix séparent Pedro Pablo Kuczynski,  l’ex-banquier de Wall Street, de Keiko Fujimori, la fille de l’ancien président péruvien Alberto Fujimori (1990-2000), actuellement en prison pour crime contre l’humanité. Selon ce résultat officiel encore partiel, Kuczynski obtenait 50,1 % des voix et sa rivale de droite 49,9 %. Mais il faut encore compter avec le vote de certaines régions rurales, a priori favorable à Keiko Fujimori, et avec le vote de l’étranger plutôt favorable à PPK. Même si le vote est obligatoire sous peine d’amende, 17,5 % des électeurs ont préféré s’abstenir.

Le chef des autorités électorales péruviennes (ONPE), Mariano Cucho, a déclaré lundi qu’une partie du vote de l’étranger était arrivée, mais qu’on attendait encore celui de certaines provinces, si bien que les résultats définitifs pourraient n’être connus que vers la fin de la semaine. A Lima, où se trouvent près des deux tiers des électeurs péruviens, Pedro Pablo Kuczynski a une minuscule avance de 0,2 point de pourcentage. Pour l’instant, Kuczynski tient la corde pour devenir le prochain président du Pérou.

Si la victoire de l’économiste sur la fille de l’ancien président Alberto Fujimori se confirme, le Pérou sera dirigé pour les prochains 5 ans par le fils d’une Franco-Suisse, qui a lui-même été scolarisé pendant quelques mois à Vevey. «Ma mère est née à Paris et a étudié à Genève et elle a été professeure de l’Université de Genève», assurait il y a deux mois Pedro Pablo Kuczynski Godard (de son nom complet), à la version hispanique du site swissinfo.ch. «Ma grand-mère maternelle était française, mais de père suisse. J’ai des tas de cousins suisses, en commençant par Eric Gabus, qui était le numéro 2 de Nestlé, et Jean-Luc Godard, le cinéaste. Nous sommes cousins germains.»  Après avoir poursuivi ses études à Oxford et à Princeton, PPK est entré comme conseiller à la Banque mondiale. Il est ensuite devenu ministre de l’Energie et des mines du Pérou au début des années 80, ministre de l’Economie et des Finance de 2001 à 2002, puis Premier ministre de 2005 à 2006.

PPK est arrivé deuxième du premier tour de la présidentielle 2016 avec 21% des voix contre 39,9 % pour Keiko Fujimori. Mais cette dernière cristallise le rejet d’une partie de la population qui garde encore le souvenir de son père Alberto Fujimori. Il avait dirigé le pays d’une main de fer entre 1990 et 2000 et purge actuellement une peine de 25 ans de prison pour crimes contre l’humanité et corruption. Le libéral PPK a ainsi obtenu le soutien de la gauche péruvienne en vue du second tour, en captant le vote «anti-Fujimori».

Pedro Pablo Kuczynski, âgé de 77 ans et surnommé «PPK» (ses initiales ainsi que celles de sa formation, Peruanos por el Kambio) s’est voulu conciliant, promettant «un gouvernement de consensus» pour succéder au président de gauche Ollanta Humala, au pouvoir depuis 2011. «Nous ne voulons plus de disputes et de confrontations», a ajouté ce vétéran de la politique péruvienne. Mais il faut donc encore attendre les résultats complets et définitifs pour connaître le prochain président du Pérou.

Catherine TRAULLÉ