Xi Jinping reçoit les dirigeants latino-américains pour s’armer contre Donald Trump. Le président de la République Populaire de Chine renforce sa riposte : il ne se limite pas à faire annuler la plupart des droits de douane. Lors du grand forum diplomatique entre la Chine et la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac) célébré ce mardi 13 mai 2025, il bâtit l’armée d’accords économiques pour ne pas succomber aux menaces des États-Unis.
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Deux tiers des pays latino-américains avaient déjà adhéré au projet des « Nouvelles Routes de la Soie » créé par Xi Jinping en 2015. Ces États trouvent autant d’intérêts que le géant asiatique dans ce grand programme commercial de construction d’infrastructures. Alors que la Chine enrichit sa puissance et ses alliés économiques, les nations en développement y trouvent l’opportunité de moderniser leurs industries.
Les dirigeants latino-américains comme Gustavo Petro voient ce projet comme l’opportunité d’affirmer leur capacité décisionnelle face aux menaces de Trump. Le « Plan d’Action Conjoint », nouveau Plan de Coopération signé pendant la quatrième réunion ministérielle du Forum Chine-Celac, établit une collaboration dans plusieurs domaines. Les investissements chinois en matière financière, commerciale, infrastructurelle, agro-alimentaire, informatique, et énergétique sur trois ans devraient servir au développement des systèmes productifs. Le président colombien veut profiter de cette coopération pour former ses scientifiques et consolider sa souveraineté. En effet, une partie des 66 milliards de yuans débloqués pour ces pays serait destinée aux bourses d’études et aux programmes de formation.
Mais ces accords ne rendent-ils pas ces pays, soi-disant bénéficiaires, dépendants de la Chine ? Le géant asiatique est le principal moteur de la prospérité des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes d’après Fernando Lugris, ambassadeur d’Uruguay. C’est le principal fournisseur de semi-conducteurs, de téléphones, et exporte également véhicules et médicaments au Brésil. À l’inverse, les importations depuis le Brésil ont dépassé les 94 milliards de dollars en 2024 et font de la Chine son principal partenaire commercial. Les entreprises chinoises puisent également les ressources de Terres Rares en Argentine et achètent du pétrole au Venezuela.
L’Amérique latine est devenue un champ de bataille diplomatique et refuse de se laisser intimider par Trump. Elle s’allie avec son ennemi pour développer son industrie et rentrer de plein pied dans le système capitaliste alternatif prôné par la Chine. Mais devant l’urgence, cette coopération pourrait avoir des conséquences handicapantes pour les pays latino-américains.
Nerea O’LEARY GONZÁLEZ