Juan Guaidó défend l’arrivée de l’aide humanitaire au Venezuela pour le 23 février

L’armée nationale vénézuélienne a bloqué le pont de Tienditas de Cúcuta, située à la frontière entre le Venezuela et la Colombie. Cúcuta est un des trois points stratégiques désignés par le président Juan Guaidó pour recevoir l’aide humanitaire, cependant bloqué depuis le 6 février par des conteneurs et une barricade improvisée.

Photo : Juan Guaidó/Twitter

L’explication avancée par l’armée nationale ? Empêcher une invasion étrangère. Difficile de croire que trois containers vont empêcher une supposée invasion étrangère, mais la question n’est pas là. Nicolás Maduro qualifie cette aide humanitaire de «show» orchestré par les États-Unis et l’Union européenne, qui viendrait humilier le peuple vénézuélien. Mais la réalité est bien différente.

Il y a entre 250 000 et 300 000 Vénézuéliens en danger de mort à cause de la malnutrition, et l’aide humanitaire serait en l’occurrence la seule solution pour sauver la vie de ces Vénézuéliens. Néanmoins, l’aide commence à arriver. Le 12 février, Juan Guaidó a annoncé depuis son compte Twitter que la première cargaison d’aide humanitaire venait d’arriver : plus de 85 000 suppléments alimentaires pour enfants et 45 000 pour des femmes enceintes. Ces suppléments ont été donnés à l’AVESSOC, une association qui gérant les centres de santé, qui prendra en charge la distribution.

Le premier pas, qui est souvent le plus difficile, a déjà été franchi. Tout semble indiquer que l’aide humanitaire va continuer son long chemin jusqu’aux maisons des Vénézuéliens les plus démunis. Guaidó a annoncé le 11 février que le deuxième point stratégique pour distribuer l’aide sera Roraima, une région à la frontière avec le sud-est du Venezuela, et que le troisième point serait une île dans les Caraïbes dont le nom n’a pas encore été annoncé.

Ce qui change complètement la situation, ce sont les déclarations du président par intérim lors des manifestations du 12 février, jour de la jeunesse au Venezuela. Juan Guidó a fixé une date pour l’arrivée du reste de l’aide humanitaire : le 23 février. Il a expliqué que c’est à cette date que l’aide humanitaire continuera de rentrer sur le territoire. Il a fait aussi appel aux bénévoles qui souhaitent aider à distribuer cette aide. Il compte jusqu’à présent avec plus de 250 000 inscrits et espère dépasser le million de bénévoles avant la date indiquée.

À la suite de cette annonce, il souligne que l’organisation sera clé pour distribuer correctement l’aide humanitaire et c’est pour cela qu’il y aura entre samedi et dimanche de cette semaine la mise en place de campements humanitaires pour expliquer aux bénévoles comment va se dérouler la journée du 23 février. Finalement, Guaidó a annoncé que l’armée nationale avait jusqu’au 23 février pour aller du côté du peuple vénézuélien et ainsi aider à la mobilisation de l’aide humanitaire. Il a également envoyé un message direct à Nicolás Maduro, lui sommant de quitter le pays, et lui affirmant qu’il ne pourra plus entraver la transition puisqu’il est désormais impossible de l’arrêter.

Le régime de Maduro continue de vouloir empêcher l’entrée de l’aide humanitaire en renforçant la présence de l’armée à la frontière avec la Colombie ; plus de 700 agents de la FAES (forces spéciales) ont été mobilisés cette semaine à Tienditas. Cette utilisation de l’armée vénézuélienne pour intimider le peuple est un grand classique du régime, mais cette fois-ci Maduro compte renforcer davantage son pouvoir en annonçant qu’il allait acheter plus d’armes et réaliser plus d’exercices militaires. Diosdado Cabello, le président de l’Assemblé nationale constituante, a exprimé à plusieurs reprises le fait que l’armée soit prête à s’engager dans un affrontement avec les militaires étrangers s’ils essayaient de rentrer dans le pays pour distribuer l’aide humanitaire.

Il faut aussi souligner que le régime fait appel aux Colectivos (mercenaires) pour intimider le peuple. Ils sont par exemple allés le lundi 11 février à l’ambassade des États-Unis à Caracas pour essayer d’intimider les quelques membres du corps diplomatique qui sont encore au Venezuela. Le régime essaye donc par tous les moyens de propager la terreur. En revanche, de nombreux militaires ont déclaré publiquement qu’ils étaient contre le régime de Maduro. Parmi les derniers, le colonel Rubén Alberto Paz Jiménez explique que «plus de 90% des forces armées sont en désaccord avec la situation, et qu’elles sont utilisées pour maintenir Maduro et son régime au pouvoir». Même si les déclarations des militaires contre Maduro sont sporadiques, cela montre encore une fois que le régime est de plus en plus seul.

En ce qui concerne la scène internationale, ce sont les États-Unis et les membres du gouvernement de Donald Trump qui ont témoigné le plus de soutien sur les réseaux sociaux et par le biais de nombreuses sanctions économiques aux membres du régime de Maduro afin d’exercer ainsi une pression de plus en plus importante. Marco Rubio, sénateur de la Floride, expliquait lundi que le futur de la démocratie du Venezuela dépendrait des actions de six militaires de plus haut rang : le général Vladimir Padrino López, l’amiral Remigio Ceballos, le major Jesús Rafael Suárez Chourio, l’amiral Giuseppe Alessandrello Cimadevilla, le major Edgar Valentín Cruz Arteaga et le major Antonio Benavides Torrez. Il a ajouté que la meilleure option pour Maduro était de quitter le Venezuela et ainsi partir dans un de ses pays alliés, à savoir Cuba, la Russie, la Turquie, l’Iran ou même le Mexique.

En revanche, la situation de Diosdado Cabello est très différente à cause des nombreuses preuves qui le relient au trafic de drogues depuis 2015 au moins, d’après le Wall Street Journal et l’ABC d’Espagne. Pour Rubio, son avenir est clair : la prison. Mais tout n’est pas perdu pour les militaires puisque l’Assemblée nationale a introduit la loi d’amnistie le 16 février. Cette loi figure dans les articles 333 et 350 de la Carta Magna du Venezuela et offre un pardon aux forces armées qui souhaitent aider le gouvernement du président par intérim Juan Guaidó à faciliter la mobilisation de l’aide humanitaire. Il faut souligner que cette loi d’amnistie ne s’applique pas à ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité.

Venezuela, vamos bien.

Nicolás OLIVARES PEREDA