« La educación del Rey », un film de Santiago Esteves inspiré par la réalité contemporaine argentine

Le jeune Reynaldo participe à un cambriolage qui tourne mal. En tentant de s’enfuir, il tombe dans le jardin d’un couple de retraités. Contre toute attente Carlos, le propriétaire, ne le dénonce pas à la police mais lui propose un marché. Une relation de confiance fragile s’installe alors entre le jeune homme et son protecteur.

Photo : affiche du film La educación del Rey

« Rey n’est pas seulement l’abréviation de Reynaldo, explique le réalisateur, cela signifie aussi roi en espagnol. J’aime penser que la relation entre Carlos et Rey est la première d’une série de rencontres à l’origine de la transformation de Reynaldo en un nouveau type de leader. Et j’ai enfin été très inspiré par la réalité contemporaine en Argentine, où il existe de plus en plus de sociétés de sécurité privées, qui multiplient les « forces de l’ordre » dans les rues. C’est de cette rencontre singulière entre un monde ancien et cette réalité contemporaine qu’ont surgi les premières ébauches du récit… Les mass media ont façonné et popularisé l’image de l’enfant délinquant, ou pibe chorro, les enfants et adolescents des classes défavorisées ont été stigmatisés par cette appellation. Ils n’ont aucune protection à attendre de la police : l’histoire du vol auquel participe Reynaldo dans le film est née de plusieurs faits divers similaires dans lesquels c’est la police qui utilise ces jeunes marginaux pour commettre des délits. »

Bien sûr, on est un peu étonné par la certaine docilité de Reynaldo face à Carlos, ancien convoyeur de fonds. Ainsi pour créer une certaine distance, Santiago Esteves n’a pas voulu tourner à Buenos Aires mais à Mendoza où il est né. « Mendoza est un endroit où le cinéma argentin est souvent allé chercher des images touristiques (la haute montagne, les vignobles), mais jamais les images de banlieues, qui sont pourtant extrêmement intéressantes car elles sont traversées par la nature. Si nous réfléchissons à des mythes dans le cinéma, c’est impossible de ne pas faire référence au western ; c’est pourquoi les paysages de notre propre « far west » ont fait partie de l’identité visuelle du film et, j’espère, l’ont rendu plus fort. »

Santiago Esteves, qui a réalisé plusieurs courts métrages, fut monteur pour des réalisateurs comme Pablo Trapero, Mariano Llinás et Milagros Mumenthaler. La educacion del Rey était à l’origine une minisérie, avant de devenir son premier long métrage. À découvrir dès le 22 novembre.

 Alain LIATARD