Nouveaux Espaces latinos : 26 décembre 2022

ÉDITORIAL

Lors des premières Belles Latinas, notre festival littéraire était voué à favoriser la découverte des auteurs latino-américains traduits et publiés en français. Nous avions partagé une semaine de dialogues avec l’écrivaine brésilienne Nélida Piñon, première femme présidente de l’Académie brésilienne des Lettres et lauréate de nombreux prix. Elle est décédée au Portugal le samedi 17 décembre à 85 ans. Son corps a été rapatrié au Brésil où elle sera inhumée au mausolée de l’Académie brésilienne des Lettres, dans un cimetière de Rio de Janeiro. « C’est une grande perte pour la littérature brésilienne. Elle était probablement la plus grande écrivaine brésilienne vivante », a déclaré Merval Pereira l’actuel président de l’Académie.

Permettez-nous de partager une anecdote de la grande gentillesse de Nélida autrice qui a publié une vingtaine de livres, dont les romans La Maison de la passion (1972) et la République des rêves (1984), inspiré de l’histoire de sa famille qui a émigré au Brésil de la Galice, en Espagne, ainsi que des recueils de contes, comme Le Temps des fruits (1966). Pionnière à plusieurs titres, l’écrivaine brésilienne est devenue en 1998 la première femme docteure honoris causa de l’université de Saint-Jacques-de-Compostelle et membre à l’académie brésilienne en 1989, et est devenue sept ans plus tard la première femme à la présider depuis sa fondation, un siècle plus tôt.

En octobre 2006, cette grande notable écrivaine brésilienne a accepté notre invitation de venir à Lyon et passer une semaine à Belles Latinas dans des conditions très modestes pour un petit festival littéraire avec très peu de moyens pour l’accueillir. À l’arrivée à l’hôtel, très près de la municipalité de Lyon, elle découvre que cet hôtel ancien ne dispose pas d’ascenseur et les chambres sont à l’étage… Et Nélida arrive avec deux grosses valises. Nous paniquons. Elle me demande le nom du meilleur hôtel de Lyon et nous lui indiquons celui sur la place Bellecour. Avec un beau sourire elle me demande de réserver une chambre pour une semaine qu’elle payera et nous ne rembourserons que la valeur de ce petit hôtel sans ascenseur… Ce sourire et cette gentillesse nous ont accompagnés pendant les six jours qui suivirent… Et à la fin, au moment de son départ, elle nous a félicité pour le courage de faire une vitrine pour les expressions latino-américaines. Il y a quelques mois encore lorsque nous soulignons dans notre newsletter la sortie de son dernier livre en français Un jour j’irai à Sagres, son éditeur nous faisait encore signe de remerciements de la part de l’autrice brésilienne. Gentillesse jusqu’à la fin.

Nous profitons dans cette dernière newsletter de l’année pour vous souhaiter au nom de toute notre équipe de rédaction de très belles fêtes de fin d’année et nous vous remercions encore pour chacun de vos gestes d’amitié qui comptent particulièrement pour nous et la continuité de notre travail de médiation culturelle. Vous avez jusqu’au 31 décembre 2022 pour verser votre don qui réduira de deux tiers de votre prochaine déclaration fiscale. Bonnes fêtes de fin d’année.

Januario ESPINOSA
Directeur de la rédaction

Prochaine newsletter : le 9 janvier 2022