Nouveaux Espaces latinos : 23 janvier 2023

ÉDITORIAL

Le Chili, où nous nous trouvons en ce mois de janvier, est un pays en crise à la recherche d’un avenir entre libéralisme et transformations sociales profondes. Le gouvernement du président Gabriel Boric et la classe politique, après le refus populaire de septembre dernier de la proposition d’une nouvelle charte fondamentale par l’Assemblée constituante, semblent avoir trouvé une autre voie, certes moins ambitieuse du point de vue démocratique. Cinquante membres du parlement, qui seront élus au suffrage universel en mai prochain, une commission d’experts composée de 24 membres proposés par le Congrès et un Comité technique d’admissibilité composé de 14 juristes chargés de veiller que « les bases institutionnelles soient respectées fidèlement », afin d’éviter de tomber dans « les maximalismes et la refondation » de la précédente proposition de Charte fondamentale rejetée par la population. Ces trois instances présenteront un avant-projet au Conseil constitutionnel (parlementaires élus). Tout ce monde rédigera finalement une nouvelle proposition de constitution qui sera soumise au vote populaire à la fin de l’année 2023.

L’été austral favorise cette période pour une déferlante de festivals et grandes manifestations qui font écho à cette demande de changement. Dès notre arrivée nous avons assisté à de nombreuses manifestations culturelles et politiques dont deux nous ont marqué par la profondeur et la pertinence de leur programmation avec des invités du monde entier : la XXII Biennale d’architecture et urbanisme et Congreso Futuro dont le thème était « Sans limite réel » … Dans nos prochaines livraisons papier et numérique nous reviendrons sur les temps forts de ces initiatives auxquelles nous avons assisté et qui sont si nécessaires pour un pays comme le Chili à la recherche de nouveaux horizons.

Le Pérou reste sur une crise politique très profonde depuis le départ forcé de l’ancien président Pedro Castillo et les dépêches démontrent bien que s’installe dans le pays andin une terrible polarisation de la société péruvienne. Cette semaine se tient à Buenos Aires la réunion du CELAC (Communauté d’états latino-américains de concertation et intégration régionale créé en 201) où nous apprenons que les présidents Lula du Brésil et Fernández d’Argentine ont annoncé commencer à discuter de la création d’une monnaie commune aux deux pays, pour débuter. Cette monnaie supranationale pourrait s’appeler le Sur, le sud en espagnol. Un nom qui, à lui seul, annonce tout un programme : se présenter en alternative au dollar, la fameuse monnaie du nord. Selon les calculs de la presse économique, une telle union par la monnaie, qui couvrirait toute l’Amérique latine, ferait du futur Sur, s’il se concrétise, le deuxième bloc monétaire au monde en termes de poids économique.

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Januario ESPINOSA
Directeur de la rédaction

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