Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, en visite au Brésil et au Chili

Pedro Sánchez est parti pour son premier voyage officiel en Amérique Latine depuis le début de la dernière législature. Il est passé par le Brésil et le Chili, les deux principaux partenaires commerciaux de l’Espagne en Amérique Latine.

Photo : DR Agences

Cette visite intervient dans un contexte brûlant marqué par le rejet des séparatistes catalans du projet de loi d’amnistie et par le scandale de corruption “el caso Koldo”. Le président du gouvernement espagnol a été accompagné par le Ministre de l’Economie Carlos Cuerpo, la secrétaire d’Etat au commerce Xiana Méndez et par le président de la CEOE (Confédération espagnole des entreprises), Antonio Garamendi. L’Espagne est un partenaire commercial d’une grande importance pour le Brésil et le Chili. En effet, son stock d’investissements directs étrangers (IDE) lui permet d’occuper la troisième position au Brésil, derrière les États-Unis et le Luxembourg, et la cinquième position au Chili, derrière le Canada, les États-Unis, les Pays Bas et le Royaume-Uni. 

Le Brésil est le premier partenaire commercial de l’Espagne en Amérique du Sud. Cependant, en 2023, une chute de 7,7% des exportations vers l’Espagne a été enregistrée par rapport à 2022. Les importations vers le Brésil ont également diminué de 18,3% entre 2022 et 2023, entraînant un déficit de 4,151 millions d’euros pour l’Espagne. Cette dernière vend au Brésil des combustibles, des appareils mécaniques et électriques, des véhicules, des engrais et des produits chimiques. Elle lui achète entre autres des combustibles, mais aussi des céréales, des graines et des minéraux. De son côté, le Chili est le deuxième partenaire commercial de l’Espagne dans la région. Une chute des importations et des exportations a également été observée entre 2022 et 2023, cette fois-ci en faveur de l’Espagne. L’Espagne vend au Chili des voitures, de l’huile de pétrole, du sang à usage thérapeutique, des médicaments et des composants de véhicules. Elle lui achète en retour du cuivre, des moules et du nitrate de potassium. 

L’implantation de l’Espagne dans ces deux pays est très importante. Au Brésil, plus de 300 entreprises espagnoles sont présentes. Par exemple, la filiale espagnole de Iberdrola, Neoenergía, est le principal fournisseur d’électricité privé du Brésil présent dans le secteur des réseaux et coté à la Bourse de Sao Paulo. Le géant Repsol est également présent sur le territoire brésilen depuis presque 20 ans et est l’un des principaux producteurs de pétrole et de gaz. Il a signé depuis 2020 un accord avec Ibereólica Renovables pour le développement de projets renouvelables au Chili. La banque internationale Santander est la banque internationale la plus importante du Brésil avec plus de 50 000 employés et 62,8 millions de clients. Également présente au Chili, elle y génère plus de 10 000 emplois pour 4,1 millions de clients. 

Sánchez a cherché par cette visite à approfondir les relations politiques avec les deux pays mais également à dynamiser les relations économiques qui ont légèrement reculé l’année passée. Le président du gouvernement espagnol a d’abord rendu visite à Lula le mercredi 06 mars, après leur dernière rencontre en Espagne en avril 2023. Sanchez a été accueilli par les présidents du Sénat et de la Chambre des députés au Congrès à Brasilia avant de s’envoler pour Sao Paulo où a eu lieu une réunion d’entreprises. Après ce forum d’entreprises, Sánchez a visité le chantier du métro de Sao Paulo que réalise l’entreprise espagnole Acciona. Il a terminé son séjour par une visite de l’Institut Cervantes où s’est tenu une réunion avec des scientifiques espagnols qui travaillent au Brésil. Il avait été prévu qu’une feuille de route à suivre soit signée le jeudi 07 mars, incluant des domaines de collaboration et structurée en plusieurs sections : politique ; commerce, investissements, infrastructures, commerce et finances ; science, technologie et innovation ; environnement ; éducation et culture ; lutte contre la criminalité ; défense ; et questions migratoires et consulaires. 

Au Chili, ce sont les questions économiques qui ont été mises à l’ordre du jour. L’idée est de profiter des bonnes relations avec le président chilien Gabriel Boric pour relancer la relation bilatérale. En ce sens, l’objectif de la visite a été de signer une alliance stratégique renouvelée, qui actualiserait et élargirait celle signée en 2013 pour inclure, en plus de l’entrepreneuriat et de l’investissement, d’autres thèmes prioritaires pour les deux pays comme la durabilité ou l’égalité des genres.

La visite a débuté par une réunion d’entreprises, visant à relancer la relation dans ce domaine après une certaine stagnation ces dernières années, comme l’ont expliqué des sources gouvernementales. Bien que ce soit un pays plus petit, et donc que les volumes d’exportation et d’investissement soient moindres, le gouvernement estime que de nouvelles opportunités s’ouvrent pour les entreprises espagnoles en raison des plans de Boric et également de l’accord signé avec l’UE. En pleine crise politique, il semblerait que la visite de Sánchez fasse partie d’une stratégie de politique extérieure établie pour trouver de nouveaux investissements.