« They shoot the piano player » un film de Fernando Trueba et Javier Mariscal sur le musicien argentin Francisco Tenório

Ce n’est pas la première fois que nous attirons votre attention sur un film espagnol. Cette fois, il s’agit d’un musicien argentin Francisco Tenorio un des meilleurs pianiste de jazz de son époque.

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Fernando Trueba a découvert le pianiste Francisco Tenório en 2005, au Brésil, en écoutant un disque de jazz Tenório dit-il  « n’était pas très connu du grand public, mais avait une excellente réputation auprès des musiciens sud-américains. Pour la plupart d’entre eux, c’était le meilleur pianiste de jazz de l’époque, il avait un jeu très raffiné. Il a enregistré un seul disque sous son nom (Embalo, en 1964), à l’âge de 24 ans, avec la « dream team » de la musique brésilienne. Il a aussi beaucoup accompagné les grands noms de la Bossa Nova que sont João Gilberto et Antônio Carlos Jobim. Il a disparu en mars 1976, à Buenos Aires, à la veille du coup d’État militaire en Argentine. En apprenant tout cela, j’ai alors voulu retrouver sa trace. »

Au départ, Fernando Trueba et Javier Mariscal souhaitaient réaliser un documentaire sur le pianiste. Sa vie n’était pas connue. Ils firent 150 entretiens et retrouvèrent sa femme qui a accepté de parler, mais pas d’être filmée. Alors pourquoi faire un film d’animation sur ce personnage ?  Le metteur en scène explique : « Comme j’avais été emballé par l’expérience de Chico et Rita (2011, film d’animation déjà coréalisé avec Javier Mariscal), je me suis alors dit que ce documentaire sur Tenório serait peut-être mieux en animation. Si nous avions opté pour une animation tendant vers la fluidité en ayant par exemple recours aux images de synthèse en 3D, cela aurait constitué une trahison, car cela ne correspond pas à l’esthétique de l’histoire, qui est proche du roman graphique. Grâce à l’animation, nous pouvions redonner vie à Tenório et le voir jouer. Grâce aux dessins et aux couleurs de Javi (diminutif de Javier), nous étions en mesure de « rouvrir » les bars de Rio de Janeiro où la Bossa Nova est née dans les années 60. Nous avions aussi la possibilité de recréer les années noires de l’Argentine. »

 Javier Mariscal qui est illustrateur, explique comment il a travaillé les couleurs : « La palette est donc un peu celle de Tintin, avec un ciel toujours bleu. Celle des séquences des flashbacks est beaucoup plus réduite. Nous avons employé les couleurs de façon expressionniste, elles illustrent la tonalité d’une scène : le bleu donne une atmosphère romantique à l’histoire de la rencontre entre Carmen et Tenório, tandis que le noir domine lors du témoignage du militaire argentin qui a participé à son arrestation. ». Fernando Trueba a réalisé une trentaine de films depuis 1980, mais c’est son second en animation. Comme Chico et Rita, il s’adresse aux amoureux du jazz, à propos duquel il a déjà réalisé plusieurs documentaires. N’hésitez pas à découvrir ce beau film dès le 24 janvier.