

ÉDITORIAL
Entre paix et guerre. La planète qui sort péniblement d’une pandémie, assiste maintenant en Europe, à une nouvelle escalade guerrière avec l’invasion des troupes russes en territoire ukrainien. Deux membres de l’équipe éditoriale, nous étions ce mardi soir dans l’avion de retour du Chili vers l’Europe. Dès la montée dans l’avion, l’équipe de cabine nous annonçait de possibles changements des vols de correspondance vers Paris et Lyon. Nous étions en train de basculer d’une ambiance d’espoir au Chili à celle de la guerre en Europe. Tôt le matin, à l’aéroport d’Amsterdam, nous découvrions dans les salles d’attente les journaux télévisés, montrant l’avancement des chars russes face à un peuple sous le choc, tentant pour certains, de fuir les bombes et pour d’autres de se préparer à faire face à l’invasion russe.
Dans cette matinée de longue attente, nous avons utilisé nos portables pour nous renseigner sur les réactions des dirigeants latino-américains et rapidement nous apprenions que les chefs d’État des deux principales puissances sud-américaines – le Brésil et l’Argentine – avaient tour à tour, les semaines précédentes, effectué un voyage à Moscou, pour rencontrer le président de la Fédération de Russie, afin de le remercier entre autres de l’aide vaccinale et réaffirmer leurs bonnes relations. Ainsi, le 16 février, à quelques jours à peine de la reconnaissance, le 21 février 2022, de l’indépendance des territoires séparatistes du Donbass par la Russie, Jair Bolsonaro a exprimé la reconnaissance de son pays. Quant à Alberto Fernández, le 3 février, il avait confié, vouloir faire de Buenos Aires « la porte d’entrée de la Russie en Amérique latine ». Parallèlement, de nombreux médias latino-américains relataient les échanges téléphoniques entre Vladimir Poutine et Daniel Ortega au Nicaragua et les déclarations d’autres officiels russes évoquant la possibilité d’un renforcement de la présence militaire du pays dans les Caraïbes et en Amérique centrale et du sud. Dans la même logique, les déclarations de soutien à l’initiative russe s’exprimaient de la part des dirigeants cubains et vénézuéliens.
En revanche, la Colombie a fermement condamné l’invasion russe, ainsi que l’Équateur, le Paraguay, l’Uruguay et dans une moindre mesure le Pérou. Au Chili, le tout nouveau président Gabriel Boric, qui assumera ses fonctions à partir du vendredi 11 mars, a réprouvé l’invasion et a déclaré à la presse que « la Russie a opté pour la guerre comme moyen de résoudre le conflit ». Il a également fortement condamné « l’invasion de l’Ukraine, la violation de sa souveraineté et l’utilisation illégitime de la force ». « Notre solidarité sera pour les victimes et nos humbles efforts pour la paix ». Sa ministre des relations extérieures Antonia Urrejola a lancé « un appel à la communauté internationale pour agir avec célérité afin de reprendre les négociations diplomatiques». Jean-Jacques Kourliandsky, grand spécialiste des questions latino-américaines, analyse dans cette édition les réactions des dix-neuf nations latino-américaines en relation avec ce tournant majeur et cette la nouvelle ère, dans laquelle nous entrons avec beaucoup de crainte pour la planète entière.
Le mois de mars, en France, est traditionnellement dédié aux festivals de cinéma latino-américains dont la programmation post pandémie permettra enfin au public de se retrouver dans les salles pour suivre, voter et commenter les nouvelles productions venues d’Amérique latine. Nous réserverons les deux prochaines éditions de nos newsletters pour présenter chacun de ces festivals dont certains fêtent plus de trente années d’existence, comme c’est le cas de ceux de Toulouse, Talence-Bordeaux et Villeurbanne. À très vite…
Januario ESPINOSA
Directeur de la rédaction
La prochaine newsletter le 18 mars 2022

