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ÉDITORIAL

Le féminisme du 21e siècle constitue un des mouvements sociaux le plus important du monde. C’est dans ce contexte que l’on célèbre la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2021. Les rues des villes du monde ont accueilli la mobilisation de millions de femmes arborant la couleur violette, symbole actuel du féminisme. Cependant, malgré une plus grande visibilité du combat des femmes et les avancées réelles, les femmes sont toujours confrontées à la violence soit-elle domestique, sexuelle, sociale ou politique, aggravée encore par la pandémie sanitaire.

Devant un nouveau “8M”, devient donc impérieux d’analyser la racine de cette violence et trouver les véritables réponses politiques pour la combattre. En Amérique latine, nous sommes déjà habitués aux manifestations massives des femmes pour réclamer plus de droits, tel que celui de décider de son propre corps et de la légalisation de l’avortement, et surtout pour dénoncer les violences sexistes, les féminicides et l’impunité. En Colombie, tous les deux jours des femmes militantes sont abattues en dépit des accords de paix. Au Brésil, où l’on compte le plus de féminicides, ces assassinats concernent notamment les femmes noires et pauvres. Ces dix dernières années, le taux de meurtre des femmes noires a progressé de 30 % contre une hausse de 4,5 % pour les femmes blanches. En Argentine, durant les premières semaines de la pandémie, le nombre d’appels au secours a explosé, augmentant du 39 %” et au Mexique où 9 femmes sont tuées chaque jour, cette hausse est de 53 %. Au Chili, on dénonce des centaines d’abus sexuels commis contre des manifestantes par les forces de l’ordre. Au niveau continental la magnitude du problème est alarmante : des 25 pays avec les taux les plus élevés de féminicide, 14 se trouvent en Amérique latine. 

C’est la raison pour laquelle les Nations unies ont lancé il y a deux ans l’initiative Spotlight soutenue par des ONG européennes et des Amériques pour que le délit de féminicide soit reconnu partout et garantir ainsi un meilleur accès à la justice et terminer avec l’impunité. Impunité qui concerne 98 % des cas de violence contre les femmes. Actuellement 18 pays de la région ont intégré dans leur législation le délit de féminicide et cela grâce aux mobilisations féministes et donc à une plus grande visibilité de ce fléau au sein des sociétés patriarcales. « Je rêve qu’un jour être femme ne soit plus un danger », dit une femme mexicaine où « être femme signifie vivre perpétuellement dans la peur ».

Olga BARRY
Éditorialiste

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