Blinken au Brésil et en Argentine pour dynamiser les contact avec ces deux grands pays latino-américain

Le secrétaire d’État Américain Antony Blinken est parti en tournée éclair en Amérique Latine. Son objectif : renforcer les liens diplomatiques avec le Brésil et l’Argentine.

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Le secrétaire d’État étasunien, Antony Blinken, a débuté l’année 2024 par une visite sur le continent sud-américain. Il a commencé sa tournée par un rendez-vous attendu avec le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, élu en 2023. Cette entrevue marque le début d’un nouvel élan dans les relations bilatérales États-Unis-Brésil, qui avaient été refroidies pendant le mandat de Jair Bolsonaro. L’arrivée de Lula a relancé le dialogue entre les deux géants, notamment par le biais de l’affirmation de valeurs communes. On retrouve par exemple des discours similaires concernant la lutte contre le changement climatique et la défense des droits du travail. Le 23 février dernier, Lula a causé des réactions internationales controversées en qualifiant l’offensive isrélienne à Gaza de “génocide” et en comparant les événements à la Shoah. “Ce que l’État d’Israël est en train de faire, ce n’est pas une guerre, c’est un génocide, car il est en train de tuer des femmes et des enfants” a-t-il affirmé la semaine dernière. Suite à ces déclarations, le Brésil a été qualifié de “persona non grata” par l’État d’Israël. 

Dans ce contexte, lors de sa visite mercredi dernier, Blinken n’a pas manqué de faire part de son désaccord avec Lula concernant le conflit israélo-palestinien. Cette position s’inscrit dans la logique de la politique extérieure des États-Unis, qui viennent de mettre leur troisième veto au Conseil de Sécurité de l’ONU au texte appelant à un “cessez-le-feu immédiat”. D’autres points semblaient annoncer des difficultés dans le dialogue des deux puissances comme la guerre en Ukraine ou leurs relations bilatérales avec le Vénézuela. Toutefois, à la sortie de son entretien avec le président brésilien, Blinken a assuré que cela avait été “une très très bonne réunion”. Nouvelle réjouissante puisqu’il s’agit de la première visite d’un représentant des États-Unis depuis plus de trois ans. Toutefois, aucune déclaration officielle n’a été faite après l’entrevue du président brésilien et du chef de la diplomatie étasunienne. Quelques jours plus tard, mardi dernier, Blinken a rencontré le président sortant argentin, Javier Milei, pendant plus d’une heure à la Casa Rosada (palais présidentiel argentin). Avant leur rencontre, Milei avait annoncé à la presse : “L’Argentine a décidé de retourner du côté de l’Occident, du côté du progrès, du côté de la démocratie et, par-dessus tout, du côté de la liberté”. Le représentant étasunien est arrivé en Argentine entouré de tout un cortège avec pour objectif de resserrer les liens bilatéraux.

L’un des sujets les plus importants de ce rendez-vous pour le gouvernement argentin était la renégociation de l’accord avec le FMI. Cependant, Blinken n’a abordé que des conversations d’ordre géopolitique, comme par exemple le lien des pays de la région avec la Chine et la Russie ou leur position face aux événements israélo-palestiniens. À la fin de cette entrevue, Blinken et la ministre des Affaires Étrangères argentine Diana Mondino ont échangé avec des journalistes lors d’une conférence de presse. Le représentant étasunien a affirmé : “La réunion a été incroyablement positive, productive et détaillée. Nous avons une forte intention de renforcer notre relation avec l’Argentine”. Enthousiasmé, Blinken a par la suite mentionné l’intérêt que représente pour les États-Unis les secteurs de l’énergie et de l’alimentation en Argentine, en mentionnant par-dessus tout l’énergie verte et les minéraux critiques comme le lithium par exemple, qui sont essentiels dans la fabrication de produits technologiques spécialisés : “Nous souhaitons créer une chaîne d’approvisionnement de minéraux critiques comme le lithium. Nos entreprises sont en train de réaliser des investissements importants, surtout dans le Nord-Est de l’Argentine. Nous avons également créé l’Association pour les Minéraux qui collabore également en faveur de l’augmentation des investissements dans le secteur. Ces projets vont créer de nombreux emplois, vont améliorer la compétitivité du pays et contribuer à la transition énergétique. Cela dépend de l’Argentine, nous attendons un plan”. Avant d’aborder l’importance stratégique de cette coopération, Blinken a abordé les “valeurs démocratiques” du pays, et a particulièrement mis l’accent sur la nécessité d’ajouter dans l’agenda du gouvernement des “politiques inclusives”. Il a plus tard souligné : « Nous voyons un potentiel extraordinaire et nous souhaitons que les entreprises étasuniennes soient partenaires de l’Argentine”. 

En septembre dernier, l’Argentine a connu une opposition populaire à la réforme constitutionnelle qui cherchait à faciliter l’exploitation du lithium par des entreprises transnationales. Pour contourner le pouvoir provincial répressif de Jujuy, les 400 communautés autochtones de Jujuy se sont déplacées à Buenos Aires pour faire entendre leurs revendications. C’était la troisième fois dans toute l’histoire du pays que ces communautés traversaient le pays jusqu’à la capitale. Non seulement l’exploitation du lithium pollue les sols et remet en question les droits territoriaux de ces communautés, mais en plus elle est très gourmande en eau et risque d’assécher les faibles ressources des habitants de la région. Par ailleurs, le lithium n’est pas le minéral qui contribuerait le plus à la transition énergétique puisqu’il est utilisé en grande partie pour produire des piles et des batteries dont le recyclage n’a pas encore été mis au point. L’engagement des États-Unis pour le développement durable et la priorité donnée à la coopération des deux pays dans les technologies extractives paraissent quelque peu paradoxales.