« Règle 34 », film sulfureux de Júlia Murat (Brésil)

Très sulfureux, le long métrage suit l’histoire de Simone, une jeune femme de 23 ans qui étudie le droit pénal et défend les droits des femmes. La nuit, elle se livre à son activité de “camgirl” – terme employé pour désigner les personnes qui livrent des performances sexuelles en ligne – contre de la monnaie virtuelle. Une nouvelle expérience va forcer l’héroïne à explorer son côté sombre et ses désirs cachés. Le titre se rapporte à la règle 34 d’internet stipulant que si quelque chose existe, alors il y en a aussi une version porno.

Photo : Allociné

Voici un film très curieux et triplement primé au Festival de Locarno. Le sujet est très dur. Comment une jeune femme peut passer d’étudiante en droit, confrontée à la violence, à des pratiques sado-maso le soir chez elle grâce à Internet. Dans le film, elle ne reçoit cette violence que par ricochet, à travers la voie professionnelle qu’elle s’est choisie (procureur de la République). Toutes les discussions concernant le rôle du droit pénal censé rééquilibrer les injustices sociales, et la violence subie, dialoguent au fur et à mesure avec sa tentative de compréhension de la violence, encadrée, acceptée, et limitée, qui est celle du masochisme.

Concernant les images pornographiques, on voit tout ce qu’il y a à montrer dans les premières images. Ensuite, on a plus accès à des images purement pornographiques (érotiques, mais sans plus). Pour ne plus avoir à revenir dessus. Pour éviter tout voyeurisme.

« Simone, explique Júlia Murat, est quelqu’un qui essaie de repousser ses limites – toutes sortes de limites et, pour ce faire, j’ai décidé d’introduire le désir de violence. Mais je pensais que je le faisais parce que le désir de violence était une pulsion sur laquelle j’avais aussi un énorme préjugé. Ma mère a été emprisonnée et torturée pendant la dictature au Brésil. Comme je veux que Simone repousse ses limites, j’ai décidé de choisir un sujet dans lequel je devais repousser mes propres limites. C’est pourquoi la violence a été ajoutée à la liste… La loi définit, il me semble, cinq types de violences différentes. L’une d’entre elles est la violence physique, mais il en existe d’autres formes comme la violence autoritaire, la violence financière, ou la violence abusive, des formes de violences qui ne concernent pas le corps physique. »

Certains spectateurs vont trouver que l’image n’est pas belle et même parfois un peu sale, mais c’est pour nous renvoyer l’image de l’ordinateur. Ce film qui oscille entre l’ordre et la violence sera sur les écrans à partir du 7 juin.

Alain LIATARD

Règle 34, drame de Júlia Murat (Brésil 2023), 1h40′, avec Sol Miranda, Lucas Andrade, Lorena Comparato. Interdit aux moins de seize ans.