MOSAÏQUES ARTISTIQUES ET PHOTOGRAPHIES

Dans le cadre de la quatrième édition du festival Primavera Latina, la médiathèque d’Écully (Lyon) propose, du 24 avril à fin mai, l’exposition des mosaïques de l’artiste argentin Oscar Gianfredo

Absence entre ombre et lumière : Au début de ce projet, décliner photographies en mosaïque s’est révélé très intéressant dans une optique des contrastes. De cette recherche sur les contrastes, où s’opposent et se complémentent ombres et lumières, la matière et le vide, les couleurs chaudes et les couleurs froides, est née l’idée d’absence. L’épaisseur propre de la matière, dans ce cas la céramique et les azulejos, confère à la mosaïque une profondeur qui permet de mettre en évidence l’absence. C’est un processus qui demande beaucoup de temps, et un accord harmonieux entre réflexion et spontanéité, en commençant par le choix de l’image et la façon dont elle peut-être adaptée à la technique de la mosaïque. Justement, la spécificité de mon travail repose sur la technique dite du « Trencadis », une technique à laquelle j’ai ajouté le mot Sauvage (Trencadis Salvaje).

Ce terme s’explique par l’impression de rusticité qui caractérise les fragments de céramiques cassés, sans polissage. Par rapport au matériaux, j’ai utilisé des anciens azulejos de récupération (dont certains des années 60 et 70), de couleurs pastel, ainsi que des céramiques blanches à l’origine et émaillées ensuite. Ce choix a été déterminé par les différentes nuances des couleurs, mais aussi par leur luminosité : ceux qui ne s’associent pas par la couleur s’associent par la luminosité.

À cette technique s’ajoute un élément qui dépasse les codes de mosaïque classique, mais qui joue un rôle déterminant pour être cohérent avec l’idée de représenter l’absence : c’est l’absence de matière (ou joint) entre les fragments de céramique. De cette façon, la mosaïque sans joint évoque l’idée paradoxale de l’absence pour celui ou celle qui la ressent avec tout son poids : c’est la présence des choses et des personnes absentes. Ainsi la sensation que l’absence provoque quand elle se perpétue et s’étend, conquiert de nouveaux espaces en s’insérant entre les plis de la réalité immédiate, se ramifie à partir de figures absentes entre les veines de la matière en créant une trame qui, dans ce cas, est représentée par les espaces vides entre les fragments de céramiques qui composent les mosaïques exposées ici.