À Lyon, les films en espagnol et portugais du festival Lumière 2023

Cette année les films en espagnol et portugais étaient plus nombreux que les années précédentes. D’abord Wim Wenders, le prix Lumière 2023, est un cinéaste voyageur. Il a tourné au Portugal L’État des choses et Lisbonne Story, à Cuba Buena Vista Social Club, au Brésil le beau portrait du photographe brésilien Salgado. Les Lyonnais peuvent admirer encore les trois magnifiques expositions sur Wenders photographe.

Photo : Inst. Lumière

L’hommage à la cinéaste espagnole Ana Mariscal a permis de découvrir quatre de ses onze films tournés entre 1953 et 1964. Ana Mariscal, née à Madrid en 1923, entame une carrière d’actrice au cinéma en 1940 et rencontre le succès dans Raza de José Luis Sáenz de Heredia (1942), scénarisé sous pseudonyme (Jaime de Andrade) par Franco lui-même. L’année suivante, son roman Hombres qui s’attaque à l’institution du mariage est interdit et ne sera publié qu’en 1992. La comédienne déclenche à nouveau un scandale en 1945 lorsqu’elle interprète le rôle masculin de Don Juan Tenorio.

En1953 elle devient réalisatrice, et ses films Segundo López (1953), comédie familiale dans la veine de Bardem-dont on a pu revoir aussi La mort d’un cycliste-, Con la vida hicieron fuego (1959), drame sentimental sur fond de guerre civile, et Le Chemin (1964), chronique villageoise pleine d’humour, étonnent par leur sincérité ou leurs choix esthétiques et narratifs singuliers. Ana Mariscal, l’une des premières cinéastes espagnoles, est à découvrir. Seul Le Chemin existe en France  en vidéo chez Potemkine. Marisa Paredes, la comédienne de Talons Aiguilles d’Almodóvar a présenté trois de ses films et une master class.

Du coté latino, Alfonso Cuarón, le réalisateur mexicain était à Lyon pour rendre hommage au cinéaste suisse Alain Tanner, l’auteur de La Salamandre, décédé l’an passé. Le réalisateur Kleber Mendoça Filho présenta Portraits fantômes son documentaire sur sa ville, Recife qui va sortir le 1er Novembre et sur lequel nous reviendrons.

Du côté des curiosités fut présenté la restauration du film argentin L’homme au coin du mur rose de René Mugica (1962) un polar d’après un conte de Borges. Durant neuf jours,148 films proposés et présentés, des ciné-concerts, des salles toujours pleines, des séances de prestiges dans la Halle de cinq mille places, un temps clément, tout cela a permis un beau festival avec de nombreux hommages. Un succès.

Alain LIATARD