La vache qui chantait le futur, film chilien de  Francisca Alegría

Cecilia, chirurgienne à la ville, doit revenir précipitamment avec ses deux enfants à la ferme familiale où vivent son père et son frère dans le sud du Chili. Au même moment, des dizaines de vaches sont frappées d’un mal mortel et la mère de Cecilia, disparue depuis plusieurs années, réapparaît.

Photo : Allocine

Voici un film curieux qui a plutôt choisi la douceur, dans sa narration volontairement fantastique pour parler de thèmes très réels, notamment le deuil et la famille, entre autres. Il faut saluer la cohérence dans l’étrangeté et l’opacité de cette œuvre singulière tour à tour mélancolique, drôle, triste, voire oppressante, dans laquelle on reconnaît notamment le grand acteur chilien Alfredo Castro. Une illustration originale de la maladie de la vache folle dans un monde qui ne tourne plus très rond.

La réalisatrice s’en explique très bien. « La vache qui chantait le futur prend place dans le sud du Chili, dans la région des rivières, où en 2017, des milliers de poissons ont été trouvés morts, sans que la cause ait pu être identifiée. L’incident s’est produit quelques mois après l’installation d’une usine de papier qui a été signalée pour avoir déversé des déchets toxiques dans la rivière et qui est toujours en activité de nos jours. En pensant à ces poissons, je me suis demandé s’ils savaient que quelque chose n’allait pas avant de mourir. Je me suis demandé s’ils avaient ressenti de la peur pendant leur agonie et s’ils imaginaient un au-delà. Un système de croyances est en train de s’effondrer et d’atteindre l’état d’agonie dans lequel se trouve notre Terre mère depuis longtemps… Nous souffrons tous ensemble maintenant, et je souhaiterais que nous soyons plus conscients, plus empathiques et plus disposés à écouter. Les personnages, en particulier celui de Cecilia, sont confrontés à de vieilles blessures dans ce lieu où vivent les vaches, les bonnes Mères, contraintes d’entrer dans un système qui les sépare de leurs enfants. Les vaches sont devenues le corps exploité du féminin, de la maternité, de l’abondance de la Terre. Plus Célia a de l’empathie pour elles, plus elle comprend l’histoire de sa propre famille. La vache qui chantait le futur a une dimension lyrique, construite par des chœurs d’animaux. Les animaux communiquent ce qui se passe dans leur écosystème. Ils ne demandent pas grand-chose, ils veulent simplement être reconnus alors qu’ils traversent lucidement l’au-delà. Dans leurs chants vit mon espoir que nous les considérerons un jour. » Le film impressionne par son originalité et son style narratif unique. Sur les écrans le 26 juillet.

Alain LIATARD

La vache qui chantait le futur, drame de Francisca Alegría (Chili, 2022), 1h 38min. Avec Leonor Varela, Mía Maestro, Alfredo Castro.