Le documentaire « La mine du diable » en Bolivie de Matteo Tortone

Jorge, jeune chauffeur de moto-taxi, quitte la banlieue de Lima et sa famille pour poursuivre ses rêves d’or et de fortune, en rejoignant la mine de La Rinconada sur le toit de la cordillère des Andes. Là-bas, on raconte que la mine appartient au diable et qu’il ne cède ses pépites qu’en échange d’un sacrifice…

Photo : Allociné

Dans sa note d’intention, le réalisateur explique : « J’ai été captivé par l’aspect métaphysique que possède l’or, véritable contre-pied des implications macroéconomiques de son marché mondial. La Rinconada m’est apparue comme le décor idéal d’une narration contemporaine de la ruée vers l’or : un village de chercheurs d’or situé à 5 300 mètres d’altitude dans les Andes, destination de masses pour les hommes victimes de la crise économique mondiale. C’est un endroit du bout du monde et, sur le plan esthétique, il était tout simplement parfait pour rendre compte du lien entre le présent et l’éternité. »

Située au Pérou à 5 100 m d’altitude, à la frontière avec la Bolivie, La Rinconada est une ville dont l’activité économique principale est liée à l’exploitation d’une mine d’or. La ville s’étend de 4 900 à 5 100 m d’altitude, sur le flanc du Mont Ananea et au pied du glacier Auchita, autrement connu sous le nom de La Bella Durmiente (La Belle Endormie). Les mineurs et leur famille y vivent dans des conditions extrêmes, notamment du fait de l’altitude (plus élevée que celle du mont Blanc). En effet, un quart des habitants de La Rinconada souffrent d’une diminution de la quantité d’oxygène disponible en altitude, et 5 à 10 % de la population semblent touchée de façon fréquente par un type de pathologie : le syndrome de « mal chronique des montagnes » ou maladie de Monge, qui concerne les personnes résidant en permanence en altitude. Selon National Geographic, l’augmentation de 235 % du prix de l’or entre 2001 et 2009 a produit une forte croissance de la population locale ayant atteint 30 000 habitants en 2009. Les hommes travaillent souvent trente jours d‘affilée et obtiennent le droit de conserver l’or trouvé le jour suivant.

Né en 1982 dans le Piémont, Matteo Tortone, après des études de lettres à l’université de Turin, travaille dans la création documentaire en tant qu’auteur, producteur et directeur de la photographie. Cela explique que le film soit tourné en un très beau noir et blanc afin que la couleur de la roche soit uniforme. Ainsi le film reste proche du documentaire.  « Tous les comédiens du film sont des non-professionnels explique le réalisateur. Quand je suis allé au Pérou en 2016, j’ai fait le même voyage que celui que je voulais faire dans le film, pour apprendre à connaître tout et tout le monde. C’est alors que nous avons rencontré José, qui joue le personnage principal, et qui nous a accompagnés. Nous avons tourné un peu avec lui, pour qu’il puisse établir une relation avec la caméra. Nous avons vu qu’il avait beaucoup de talent. Il avait une vision très claire de la manière dont il fallait jouer ce personnage et de ce qu’il voulait faire passer à travers le film. »  

Alain LIATARD

La mine du diable (En camino a la rinconada), documentaire de Matteo Tortone (France/Italie/Suisse), 1h26′. En salles le 19 avril 2023.