Percer la réalité du Brésil avec le film Medusa de Anita Rocha da Silveira : une féminité pétrifiée par une société de laquelle elle cherche à se libérer

Pour Anita Rocha da Silveira, une jeune femme du Brésil actuel doit s’affronter à deux entités qui lui ôtent son individualité : la société patriarcale et les églises évangéliques. Foyers d’exclusion et de discrimination, ces dernières portent un message de « pureté » sexuelle dont Medusa cherche à montrer les dérives. Le film façonne un regard critique sur ces institutions pétrifiantes et donner voix à une féminité en quête de libération.

Après Mate-Me Por Favor, la Brésilienne Anita Rocha da Silveira affirme la richesse de son univers cinématographique avec Medusa, une production à la croisée du film d’horreur et de la satire politique. C’est un film stupéfiant sur l’appréhension de la féminité et il a été présenté pour la première fois à Cannes, lors de la Quinzaine des Réalisateurs 2021. Dans un Brésil contemporain, Mariana, une jeune de 21 ans, vit dans un monde où elle doit être une femme pieuse et parfaite.

Pour résister à la tentation, elle s’attelle à contrôler tout et tout le monde. La nuit tombée, elle se réunit avec son gang de filles et, cachées derrière des masques, elles chassent ensemble et lynchent celles qui ont dévié du droit chemin. Cependant au sein du groupe, l’envie de se rebeller devient chaque jour plus forte. La réalisatrice explique ainsi le titre de son film : « Méduse a été punie pour sa sexualité, pour avoir désiré, pour ne pas être ”pure”. En combinant le mythe et la réalité, il m’a semblé que, même au fil des siècles, la volonté des femmes de se contrôler mutuellement est devenue le fondement même de notre civilisation… Le Brésil est un pays très pluriel et diversifié, je ne peux donc pas faire de commentaires généraux sur la jeunesse. Mais je remarque que les églises évangéliques jouent un certain rôle et prennent en charge ces jeunes dans des domaines où les autres institutions religieuses et l’État n’ont pas réussi à le faire. En plus de fournir un lieu de culte, les églises évangéliques offrent des cours et des groupes de soutien pour les jeunes, les femmes, les personnes âgées, etc. »

Alain LIATARD

En salle depuis le 16 mars. 2 h 07, film d’Anita Rocha da Silveira. Avec Mari Oliveira, Lara Tremouroux, Joana Medeiros