Belles Latinas a pu créer les conditions d’une programmation de qualité et de sa pérennité, grâce à des partenariats très divers. Cela reste encore un horizon pour sa jeune « cousine » Belles Francesas. Lancé en avril 2013 en Amérique latine, année après année, Belles Francesas prend pied grâce à des écrivains français qui ont accepté de tourner avec les soutiens des ambassades de France en Amérique latine, Instituts français et Alliances françaises. Les universités et institutions culturels locales sont aussi des appuis précieux, accueillent les écrivains français et donnent parfois un prolongement ultérieur aux rencontres.
La 7e édition de Belles Francesas en 2019
Au Chili, en Argentine, au Pérou, en Colombie, et en Uruguay les six éditions antérieures ont permis d’inviter une vingtaine d’écrivains français. Certains sont connus car consacrés par des prix littéraires de notoriété internationale, tel le Goncourt ou sont des auteurs à succès à l’international. D’autres auteurs souvent plus jeunes, ont une audience en France mais restent à découvrir en Amérique latine…
Pour élargir le cercle des lecteurs latino-américains, Belles Francesas n’invite désormais que des auteurs traduits en espagnol et les éditeurs sont approchés au plus tôt pour que la distribution des livres en espagnol et en français soit effective au moment des rencontres dans les pays. De fait, des liens restent à tisser avec éditeurs, distributeurs et libraires, institutions et médias, le plus en amont possible.
Cela s’est fait en France avec Belles Latinas dans le cadre de partenariats durables et renouvelés, en particulier avec le Centre National du Livre. Ce n’est pas encore le cas en Amérique latine. De plus, dans la majorité des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, la chaîne du livre n’a pas la densité et la force connues en France. Le secteur éditorial en Amérique latine est fait principalement de maisons de petite ou moyenne taille à la production fluctuante hormis le Mexique, le Brésil et l’Argentine. La manifestation aura lieu du 22 au 30 avril, au Pérou et au Chili. Les auteures invitées sont Catherine Meurisse et Nina Yargekov.
Diversité des cultures
Pour donner une idée de la diversité des talents proposés et des esthétiques, on peut citer parmi les écrivains français invités au cours des six éditions antérieures de Belles Francesas : Mathias Énard, Jérôme Ferrari, Jean-Philippe Toussaint, Maylis de Kerangal, Lancelot Hamelin, Véronique Ovaldé, Éric Faye, Laurent Mauvignier, Stéphane Chaumet, Sébastien Rutés, Jacques Aubergy (éditeur), Frédéric Couderc, Carole Zalberg, Pierre Ducrozet, Miguel Bonnefoy, Catherine Meurisse et Nina Yargekov.
Le trait d’union est celui tracé par les langues latines lors de deux manifestations organisées par Nouveaux Espaces Latinos. Le désir et la curiosité des équipes, inscrits dans une histoire de plusieurs décennies, est de faire dialoguer les cultures latinos et françaises au travers de leurs littératures.
Le Festival littéraire intitulé Belles Latinas existe lui depuis près de vingt ans. Il est dédié à la littérature actuelle de l’Amérique latine et des Caraïbes. Les écrivains invités en France ont toujours leur dernière œuvre traduite en français par des éditeurs de renom ou de jeunes maisons d’édition. Cette orientation et cette longévité adossées à des partenariats multiples font la singularité de ce festival en France. En 18 éditions, grâce à la médiation de Nouveaux Espaces Latinos, plus de 250 écrivains latino-américains sont venus à la rencontre des publics très divers des universités, des lycées, des médiathèques, des librairies et des institutions culturelles.
Les Nouveaux Espaces Latinos et ses publics
Avec beaucoup de persévérance et peu de moyens financiers, Espaces Latinos a pu installer une continuité dans les échanges entre la France et le Nouveau Monde. D’autres festivals que « les Belles » ont rendu plus visible la vocation d’Espaces Latinos et ont permis de diversifier les publics. Belles Francesas est le premier festival que l’association organise Outre Atlantique. La traduction permet de dépasser le cercle des seuls francophones. De plus, une Newsletter hebdomadaire en ligne et une revue trimestrielle forgent une relation de fidélité avec un lectorat des deux côtés de l’Atlantique. Les contenus touchent aux évolutions sociales, politiques, économiques, culturelles, artistiques des sociétés latino-américaines.Grâce à des échanges croisés,Espaces latinos apporte sa modeste contribution à des coopérations de part et d’autre de l’Atlantique.
C’est un fait : le français est la deuxième langue la plus traduite dans le monde, après l’anglais. La langue espagnole – l’Amérique latine traduit beaucoup du français – est la seconde langue d’acquisition de droits avec plus de mille cent cessions en 2014.
Ici et là-bas les points communs aux deux festivals littéraires sont la langue française et la latinité. Cela militerait en faveur d’une inscription des Belles Francesas dans la cadre de la Semaine de la Langue et de la Culture françaises, au mois de mars, chaque fois que cela est possible. D’autres options s’imposent parfois : c’est le cas en 2019.
Un financement et un format à consolider
Faire voyager les livres et les auteurs à travers le monde n’est pas chose aisée. En France, le festival Belles Latinas reçoit les appuis renouvelés du Centre National du livre, du ministère de la Culture, de la région Auvergne Rhône Alpes et de la ville de Lyon. La prévisibilité des aides permet une programmation équilibrée et un travail sur la durée avec les étudiants et professeurs des universités et Grandes Écoles, les bibliothèques et médiathèques, les centres culturels. Les rencontres entre écrivains et publics en deviennent plus enrichissantes pour tous.
En Amérique latine, Belles Francesas n’a pas de financement pluriannuel ou reconduit de manière régulière. Il bénéficie le cas échéant d’appui des Services culturels et Instituts français, des Alliances françaises et parfois d’universités des pays d’accueil et un appui partenarial naissants des institutions publiques des pays. La longévité de Belles Latinas, l’exposition dont bénéficient les œuvres et les auteurs latino-américains invités devrait pouvoir servir de point d’appui et d’expérience pour faire grandir Belles Francesas.
Ce jeune festival latino-américains peut assurer sa pérennité s’il parvient à diversifier les partenariats avec les auteurs et les institutions culturelles et éducatives. Belles Francesas pourra devenir plus fécond grâce à un dialogue construit : des prolongements sur place, souvent souhaités et évoqués, deviendront possibles, par exemple des résidences, des masters class, des collaborations entre artistes latinos et français. C’est le pari à faire.
Maurice NAHORY