Nouveaux Espaces latinos : 9 décembre 2021

ÉDITORIAL

Deux films en salle cette semaine accompagnent de manière très pertinente l’actualité politique. D’abord le film de l’Espagnol Pedro Almódovar, Madres paralelas : deux histoires, en premier plan on voit deux mères célibataires qui se rencontrent dans une maternité à Madrid pour accoucher et en arrière-plan, en filigrane, une histoire collective espagnole qui pourrait être aussi une histoire universelle. Le réalisateur espagnol va très loin en articulant différentes histoires et plans pour un final inoubliable. Puis l’autre film, c’est le remake de Steven Spielberg, du film culte de 1957, West Side Story, où dans la proche banlieue de New York, deux bandes s’affrontent de manière très violente nous rappelant l’actualité de nos banlieues actuelles. Nous avons été très touchés par la présence d’une des principales protagonistes de la version originale que nous avons vue dans les années soixante, Rita Moreno, qui revient dans cette version, vieillie mais très digne portoricaine, clore le film avec une chanson, dans l’espoir d’un monde meilleur.

L’actualité politique en Amérique latine reste étonnante par ses contradictions. Le Chili, qui a mis en tête dès le premier tour des élections présidentielles, en novembre dernier, un candidat ultra conservateur et admirateur des dictateurs, vient d’adopter le mariage pour tous, aboutissement d’un projet de loi déposé en 2017 et que les députés ont validé mardi à 82 voix contre 20 et deux abstentions. Le président de droite Sebastián Piñera, qui doit abandonner le pouvoir en mars prochain, a déclaré aussitôt qu’il va bien promulguer cette loi : une révolution dans un pays très moraliste dans ses mœurs. Encore une surprise, au Honduras, Xiomara Castro, 62 ans, est arrivée en tête lors des élections présidentielles à un tour. La toute nouvelle présidente est l’épouse de l’ancien président Manuel Zelaya, renversé en 2009 par un coup d’État. Elle a déclaré, lors de sa première conférence de presse, vouloir « former un gouvernement de réconciliation »et instaurer une « démocratie participative ». « Je tends la main à mes opposants, car je n’ai pas d’ennemis », a-t-elle dit en promettant de chasser « la haine, la corruption, le trafic de drogue, le crime organisé… »

 Le journal Libération de ce jeudi 9 décembre publie un appel d’un collectif de professeurs et de chercheurs universitaires pour protester contre la nomination de l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa à l’Académie française qui apporte « son soutien au candidat de l’extrême droite de la présidentielle chilienne du 19 décembre prochain. Un engagement qui n’est pas sans précédent »… « En lui donnant l’épée, les Académiciens ont commis une erreur, voire une faute, qui ternit l’image de la France en Amérique latine où les prises de position extrémistes de Mario Vargas Llosa sont bien connues et suscitent depuis longtemps un fort rejet. Cette élection risque aussi de légitimer des postures qui bafouent de fait les valeurs de la démocratie auxquelles la France souhaite pourtant se voir associée : liberté d’expression, acceptation des résultats des suffrages et droit de défendre une cause sans risquer d’y perdre la vie ».

Nouveaux Espaces Latinos achève l’année avec une série d’initiatives en résonance avec nos festivals d’automne (Belles Latinas et Documental) avec le soutien à la visite en France de l‘écrivain uruguayen Carlos Rehermann qui sera accompagné par son éditeur à notre siège de Lyon le mardi 14 décembre pour un dialogue avec les admirateurs des littératures latino-américaines. Enfin, nous rappelons notre campagne de dons via notre site web, dons que vous pouvez déduire aux deux-tiers de votre prochaine déclaration d’impôts. Seule condition : que le versement soit effectif avant le 31 décembre prochain. Notre équipe éditoriale a besoin de votre soutien et d’avance vous remercie vivement !

Januario ESPINOSA
Directeur de la rédaction

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