


ÉDITORIAL
Depuis les années soixante, les télénovelas ont toujours été au centre de l’audience télévisuelle des générations des latino-américains. En France, les séries brésiliennes (culebrones) suivies par les séries mexicaines et argentines se sont fait connaitre très tôt. Cette fois-ci, La Meute, une série chilienne, est à la une chez Arte.TV, disponible durant tout l’été. La scénariste, réalisatrice et romancière argentine Lucía Puenzo ainsi que les réalisateurs Sergio Castro et Enrique Videla s’attaquent avec audace à un sujet d’actualité́ : les violences faites aux femmes et notamment aux plus jeunes, qu’il s’agisse d’abus sexuels, de viols ou de féminicides, et le combat des victimes dans une société chilienne très conservatrice et patriarcale. La série, dont la disparition d’une adolescente, motif classique du polar, constitue le point de départ, déploie à la fois une enquête policière addictive, notamment dans l’univers du dark web et des hackers, et jette une lumière crue sur les crimes sexistes, à l’instar d’Elisa Murillo, l’une des trois inspectrices spécialisées dans les crimes de genre, interprétée par l’actrice transgenre chilienne Daniela Vega. Produit par les frères Juan de Dios et Pablo Larraín, ce thriller coup de poing est porté par la chanson titre No estamos solas (Nous ne sommes pas seules), signée de la rappeuse franco-chilienne Ana Tijoux, qui dénonce avec courage les maux de la société chilienne et milite pour les droits des femmes. Sur Arte.TV du 17 juin au 23 juillet et le jeudi du 24 juin au 8 juillet à 20 h 55.
Le 6 juin, au deuxième tour de l’élection présidentielle au Pérou, le candidat de gauche Pedro Castillo a devancé la candidate conservatrice Keiko Fujimori de 44 000 voix. Presque trois semaines après, celle-ci conteste des résultats pas encore annoncés officiellement. Pedro Castillo, fils de paysans illettrés, marié à une institutrice, vient de Puña, un village à 2 500 m d’altitude au nord du Pérou, dans la région de Cajamarca, où dominent les cultures de maïs et de pomme de terre. Il est aussi depuis longtemps membre d’une brigade rurale d’autodéfense, formée pour faire régner l’ordre. En place, il entend faire réécrire la Constitution, d’inspiration néolibérale, et mettre l’accent sur l’éducation, l’agriculture et la santé, dans un pays qui vient de revoir à la hausse le nombre de décès liés au Covid, le multipliant par trois : 190 000 personnes auraient succombé au virus, faisant du Pérou le pays avec le plus fort taux de victimes par million d’habitants au monde.
En cette période de festivals que nous allons suivre pendant cette saison estivale, nous commencerons à mettre l’accent sur ceux de la rentrée, dont le festival international de théâtre Sens Interdits qui coïncide en partie en octobre avec notre festival littéraire Belles Latinas. Les auteurs invités et confirmés seront dévoilé dans la news du 1er juillet. La dernière semaine de septembre représentera un autre temps fort pour nous avec la deuxième partie du festival Primavera Latina (sciences sociales et littératures) qui sera axé autour des influences africaines en Amérique latine. D’ailleurs, le prochain trimestriel de Nouveaux Espaces Latinos consacre un épais dossier sur le thème et nous vous invitons à nous conseiller des personnes qui pourraient s’abonner pour leur envoyer un exemplaire à titre de promotion.
Directeur de la rédaction
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