
ÉDITORIAL
L’ex-guérilléro Daniel Ortega, que nous avons applaudi en juillet 1979 et dont nous avons suivi la révolution sandiniste les premières années, est désormais une honte pour la démocratie du monde entier. Dimanche dernier le scrutin organisé ne comptait que cinq candidats, issus de partis amis, inscrits face à Daniel Ortega, ses principaux rivaux ayant été placés en prison. Le Conseil suprême électoral du Nicaragua a annoncé mardi dernier qu’après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins de votes, Daniel Ortega avait remporté environ 76 % des voix. L’ancien guérillero sandiniste, qui renversa le dictateur Anastasio Somoza en 1979, fut président de 1985 à 1990 et l’est de nouveau depuis janvier 2007, avec son épouse Rosario Murillo, 70 ans, à la vice-présidence. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que les États-Unis étaient prêts à recourir à de possibles sanctions. Pour leur part les dirigeants de Cuba, du Venezuela et de la Russie ont tous offert leur soutien à Daniel Ortega. Pour sa part l’Union européenne ont accusé Daniel Ortega « d’incarcérer, de harceler et d’intimider systématiquement » les opposants, les journalistes et les militants. Pour l’UE, les élections « parachèvent la transformation du Nicaragua en un régime autocratique ». Le Canada, le Chili, le Costa Rica, l’Espagne et la Grande-Bretagne ont appelé à la libération des dirigeants de l’opposition. « Les élections n’ont été ni libres, ni équitables, ni compétitives », a déclaré Jose Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères.
L’actuel président du Chili, Sebastián Piñera est sur la sellette. Les députés chiliens ont approuvé ce mardi une procédure de destitution lancée contre le président pour la vente controversée d’une compagnie minière, réalisée dans un paradis fiscal et révélée par l’enquête internationale des Pandora Papers. Après ce feu vert de la Chambre des députés, contrôlée par l’opposition (83 des 155 sièges), c’est au tour du Sénat de se prononcer par un vote des deux tiers – fort difficile à obtenir – avant les élections générales du dimanche 21 novembre avec un premier tour pour l’élection d’un nouveau président et et le renouvellement du Parlement. Selon une enquête menée par le média chilien Ciper, membre du Consortium international d’investigation journalistique, la compagnie minière Minera Dominga a été vendue à l’homme d’affaires Carlos Alberto Délano, un ami du chef de l’État, pour 152 millions de dollars, une transaction opérée aux îles Vierges britanniques. Sebastián Piñera achève son deuxième mandat en mars prochain.
La semaine prochaine nous suivrons de près à Lyon et la région « Mode d’emploi » le festival des idées de la Villa Gillet avec au programme une quarantaine d’intervenants, philosophes, écrivains, journalistes, chercheurs, historiens, juristes, critiques ou artistes, qui sont invités à prendre la parole pour éclairer les grands débats contemporains en ouvrant leurs « boîtes à outils » conceptuelles et créatives. Parmi les invités, remarquons la présence de l’écrivaine et journaliste argentine Leila Guerreiro et pour parler du Chili la sociologue Emmanuelle Barozet et la géographe Cécile Faliès. Inscriptions en ligne sur le site de la Villa Gillet.
Directeur de la rédaction
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