Photo : Silvina Stir – éd. des Femmes

Alicia DUJOVNE ORTIZ – (Argentine)

Née à Buenos Aires en 1940, Alicia Dujovne Ortiz est installée en France depuis 1978. Journaliste, critique littéraire et critique d’art, romancière, poète, écrivaine, biographe, elle est l’auteure de nombreux romans. Elle a également écrit plusieurs biographies remarquées. Ses livres ont été traduits en plus de vingt langues. Elle a reçu en 2013, le Prix Konex de Platino (Argentine) pour l’ensemble de son œuvre.

Autres éditeurs (bibliographie sélective) : La Bonne Pauline, éd. Mercure de France, 1979 / Mon arbre, mon amant, éd. Mercure de France, 1980 / L’Arbre de la gitane, éd. Gallimard, 1992 /  Maradona c’est moi, éd. La Découverte, 1993 / Eva Peron, la madone des sans-chemise, éd. Grasset, 1995 / Femme couleur tango, éd. Grasset, 1998 / Dora Maar, prisonnière du regard, éd. Grasset, 2005 / Anita, éd. Grasset, 2006 / Camarade Carlos, Un agent du KGB en Amérique latine, éd. La Découverte, 2008 / L’étoile rouge et le poète, éd. Anne- Marie Métailié, 2009 / Le Monologue de Teresa, éd. Grasset, 2011 – SITE

Milagro Sala, l’esprit des Andes

Traduit de l’espagnol (Argentine) par Anne-Charlotte Chasset

Qui est donc Milagro Sala, prisonnière politique la plus célèbre d’Argentine et pour la libération de laquelle une mobilisation internationale s’est constituée ? Arrêtée alors qu’elle venait d’être élue députée, en « détention préventive » depuis plus d’un an sur ordre du gouverneur de la province de Jujuy, au Nord de l’Argentine, elle est menacée de toutes parts, les accusations les plus variées ne cessant de s’amonceler contre elle, provenant de supposés témoins dont les flagrantes contradictions n’inquiètent pas la justice. Sa vie est en danger. Il y a urgence à la protéger ; puisse ce livre y contribuer. C’est sa raison d’être.

Le pouvoir en place, un pouvoir mâle, blanc et féodal, n’a pas supporté de voir grandir l’influence de Milagro Sala, dirigeante populaire du mouvement qu’elle a créé, Tupac Amaru (du nom du descendant du dernier Inca qui a bravé le colonisateur espagnol au XVIIIe siècle). Indienne pauvre, fille des rues confrontée à la violence et à la drogue et passée par la prison, elle a pris en main son destin et celui de milliers d’enfants des rues créant des centres de santé et des écoles autogérées, des maisons et même une piscine pour ces petits coyas, indiens ou métis n’ayant connu que les flaques d’eau pour se baigner. Elle a reçu, pour ces réalisations, des aides de l’État sous les gouvernements Kirchner, un des prétextes à la répression qu’elle subit.

Alicia Dujovne Ortiz, grande journaliste et romancière argentine, est allée enquêter sur place au printemps 2017 ; elle a rencontré Milagro Sala dans sa prison ainsi que son mari, ses camarades de luttes, ses voisins, ses ennemis aussi. Ce récit nous fait découvrir une femme hors du commun, d’une générosité exceptionnelle, incarnant de la manière la plus authentique l’esprit Inca, celui de la communauté paysanne qui ne baisse pas l’échine, celui de l’institution dite du « verre de lait » : qui reçoit quelque chose de la communauté se doit de lui faire un don en retour.

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