En mars 2002, nous nous installions au coeur de Lyon Croix Rousse ; il s’agissait de notre troisième siège de rédaction depuis la fondation d’Espaces Latinos en septembre 1984. Depuis, la revue s’adresse toujours à un réseau francophone, dans toute la France, très sensible à la situation sociale et politique des pays latino-américains. Peu à peu, l’actualité politique s’est vue accompagnée de chroniques culturelles. C’est ainsi que le cinéma, la musique et la littérature ont naturellement trouvé leur place dans nos rubriques. Notre rédacteur-en-chef de l’époque, très intéressé par la créativité latino-américaine, nous a invité à pérenniser très tôt des rubriques vouées aux parutions littéraires d’auteurs latino-américains traduits en français : la rubrique « Vient-de-paraître » était très attendue par une partie de notre lectorat.
Deux événements majeurs survenus en 1992 nous ont incités à transformer notre ligne éditoriale, et surtout à trouver des variantes à notre objectif premier, la médiatisation de l’Amérique latine auprès des lecteurs francophones. D’abord, la commémoration des 500 ans de l’arrivée des Espagnols en Amérique, le 12 octobre 1492, nous a offert l’opportunité d’organiser à la bibliothèque de Lyon un colloque avec des intellectuels journalistes et écrivains. Le deuxième a été la parution en librairie du premier roman en français de l’écrivain chilien Luis Sepúlveda, Le vieux qui lisait des romans d’amour, aux éditions Anne-Marie Métailié ; une des très rares maisons d’éditions consacrée à l’époque à la publication – depuis 1979 – des romans latino-américains traduits en français. La maison Métailié nous a alors sollicités pour animer une rencontre avec Luis Sepúlveda à Lyon. La rencontre, tout comme le colloque ont ouvert la voie à l’organisation régulière d’événements culturels, en parallèle de la publication de notre revue.
Depuis, malgré les limitations des moyens, nous avons su maintenir une cadence éditoriale soutenue ainsi que pérenniser l’organisation annuelle de nos manifestations culturelles. En cette année bien particulière, le monde fait face à une pandémie mondiale qui affecte également nos activités. La crise sanitaire aurait pu nous empêcher de concrétiser nos projets, si nous n’étions pas parvenus à nous adapter profitant des nouvelles technologies. Par ailleurs, depuis une dizaine d’années, nous avons créé un site web favorisant la visibilité des Nouveaux Espaces latinos sur les réseaux sociaux et qui nous permet toujours, au même temps, de rester en contact avec nos réseaux sud-américains.
Nous organisons quatre festivals annuels. Le premier, Belles Latinas qui fêtera en 2021 vingt ans, puis Bellas Francesas en Amérique latine, depuis 2013. Nous invitons en mars et avril des écrivains français à voyager dans quelques pays latino-américains afin de dialoguer avec ses pairs latino-américains. Ce festival est suivi de Primavera Latina, manifestation créée en 2015. Elle accueille écrivains et scientifiques dans le cadre de la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes en France au mois de mai. Et depuis 2007, chaque mois de novembre et dans le cadre du mois de documentaire, nous organisons le festival Documental, l’Amérique latine par l’image, En 2020, Bellas Francesas n’a pas pu se réaliser à cause du Covid-19 ; nous avons été également contraints d’annuler les rencontres de Primavera Latina, mais nous avons publié des textes des intervenants dans notre édition du printemps dernier.
Pendant le premier confinement, nous avons continué à éditer et à distribuer chaque semaine nos newsletters, de même que les éditions papier de la revue Nouveaux Espaces Latinos N° 303 d’avril et n° 304 de juillet. Alors que notre inquiétude grandissait quant à l’ampleur de la pandémie, nous avons réussi malgré tout à mener à bien le 19e festival littéraire Belles Latinas en octobre dernier, avec la participation de seize écrivains. Les fidèles et actifs partenaires de notre festival – universités, grandes écoles, médiathèques, établissement scolaires et bibliothèques ainsi que des librairies et centres culturels – craignaient d’être dans l’incapacité de programmer nos rencontres littéraires. En septembre, nous avons réactivé nos réseaux et au bout de trois semaines, nous avons pu concrétiser la programmation : une trentaine de rencontres dans l’ensemble de la Métropole de Lyon ainsi quelques-unes à Montpellier, Lille, Biarritz et Bordeaux…
Une partie des écrivains latino-américains n’ont pas pu se déplacer en Europe, mais nous sommes arrivés, en nous équipant adéquatement, à organiser à distance des dialogues en visioconférence. Une première, qui a permis à toutes et tous de participer au festival malgré la distance. Mieux encore, grâce à notre chaîne YouTube créée spécialement, beaucoup de nos invités ont pu assister aux rencontres littéraires depuis chez eux. Désormais, nous savons que le numérique sera une nouvelle voie à explorer afin de garantir la continuité des dialogues littéraires à venir.
Januario ESPINOSA
(Directeur -Fondateur)